Les étudiants autochtones délaissent Joliette pour Trois-Rivières

Par Julie Beauchamp Martin
Trouver un logement à Joliette est pratiquement mission impossible pour les jeunes autochtones de la réserve Manawan. Pour continuer leurs études, ils se tournent donc vers Trois-Rivières.
Bien que Joliette soit la plus grosse ville près de la réserve, plus de trois fois plus de jeunes autochtones venant de la réserve Manawan étudient au Cégep de Trois-Rivières qu'au Cégep régional de Lanaudière à Joliette.
Pour Carole Flamand, coordonnatrice des services aux jeunes au Centre d'amitié autochtone de Lanaudière, trouver un logement à Joliette est la plus grande difficulté des autochtones qui veulent s'y installer. «Tous les propriétaires demandent des endosseurs qui travaillent, explique-t-elle, mais la majorité des personnes de la réserve sont sur le chômage ou prestataires d'aide sociale, parce qu'il n'y a pas de travail à Manawan.»
Du côté de Trois-Rivières, l'accès au logement serait beaucoup plus facile. «On perd les jeunes qui veulent étudier ici, s'indigne Carole Flamand. À Trois-Rivières, ils se font louer des logements, mais pas ici». Selon elle, il y avait beaucoup plus d'étudiants autochtones à Joliette il y a à peine 10 ans.
Guylaine Ottawa, étudiante en soins infirmiers au Cégep de Joliette, a eu beaucoup de difficulté à se trouver un logement. Tous les propriétaires des appartements qu'elle visitait lui demandaient un endosseur. «C'est pas tout le monde qui est prêt à endosser un étudiant», explique Mme Ottawa.
Après avoir vécu dans un appartement délabré beaucoup trop cher pour elle, Guylaine Ottawa a dû aller vivre chez sa sœur, qui habite Joliette, afin de poursuivre ses études au cégep.
Pas une question de racisme
La directrice du centre, Martha Petiquay, ne pense pas que cette situation est due à la discrimination. «Ce n'est pas du racisme, mais de la méconnaissance», précise-t-elle. Les deux femmes donnent l'exemple de la Ville de Val-d'Or, où les Amérindiens sont bien accueillis. «C'est parce que les gens savent qui ils sont», mentionne Carole Flamand.
La solution résiderait donc dans l'apprentissage. «On doit apprendre à se connaître. On doit s'inviter chacun de notre côté, les autochtones et les gens de Joliette», souhaite Mme Flamand. Martha Petiquay aimerait également qu'il y ait des rapprochements entre les élus et les autochtones. «Ce serait un très grand pas de fait», précise-t-elle.
Selon le recensement de 2006, entre 250 et 300 autochtones vivent dans la région de Joliette, dont une trentaine de jeunes.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.