Nuit des sans-abri : Venir en aide en faisant soi-même l'expérience
Par Charles-Antoine Bélair
Entassés dans une tente montée au parc Lajoie, le 15 octobre dernier, près de 500 personnes se sont déplacées pour faire l'expérience de la Nuit des sans-abri.
Sur place, on retrouvait des gens provenant de n'importe quel milieu. Autant des gens pauvres qui pourraient craindre un jour de tout perdre aussi que des gens bien nantis qui soutiennent les gens démunis. Pourtant, il y a encore des gens dans Joliette qui croient qu'il n'y a pas de sans-abri dans la région parce qu'ils ne sont pas visibles. Sylvain Daneault, coordonateur à l'Auberge du Coeur Roland-Gavreault, n'est pas du même avis : «On sait qu'il y en a. On accueille à peu près 12 personnes entre 18 et 30 ans chaque jour.» À l'Auberge du Coeur Accueil Jeunesse, il y a un peu plus de 100 jeunes de moins de 18 ans qui y trouvent refuge chaque année.
Un récent sondage CROP révélait qu'environ 16 % de la population a peur de tomber un jour dans l'itinérance. Pour ces gens qui ont voulu tenter l'expérience de la Nuit des sans-abri, il y a aussi cette part de peur qui anime certains. «Si les loyers continuent d'augmenter comme ça, ça pourrait bien arriver», estime Pierre Dubois, bénévole pour la Soupière. «C'est dans des occasions comme ça qu'on apprécie son toit.» Des étudiants de l'Érablière de Saint-Félix-de-Valois se sont de nouveau joints à la partie. L'organisatrice du projet, Vicky Poitras, étudiante, partage aussi cette crainte. «Oui, j'ai peur parce que mon frère l'a déjà été (démuni). Ça peut arriver.» Participante à l'activité depuis quelques années, elle n'aurait pas voulu rater cette année non plus. «Même s'il n'y avait eu personne (de l'Érablière), je serais venue quand même.»
D'autres personnes beaucoup plus près de leurs sous craignent davantage de se retrouver à la rue, un jour. Les gens sur le bien-être social sont des gens à risque. «575 $ pour le bien-être social, ce n'est pas assez», juge Jacqueline-Catherine Boissel, une citoyenne militante pour les gens dans le besoin. «Pour les gens à faible revenu, une fois tout payé, il ne reste plus grand chose. Les études sont souvent trop chères.» D'autres y sont allés de critiques plus acerbes pour le gouvernement. «Il fait de la subvention aux entreprises. Et elles, elles prennent aux pauvres pour donner aux riches, déplore Raymond Ouellette, un citoyen qui a connu la misère. Ça prendrait une répartition des richesses.»
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