Loi 78: un bâillon électoral selon des acteurs politiques
À l’heure où le Québec vit une de ses plus grandes crises sociales, certains acteurs politiques crient à l’injustice devant le projet de loi 78. Ces derniers estiment que les stratégies derrière l’application de cette loi dépassent le cadre de la grève étudiante.
Lors d’une conférence prononcée à la foire écosphère de Montréal, le président de l’Association québécoise de la lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), André Bélisle, a exprimé ses craintes devant l’application de la loi 78. Ce dernier estime que le gouvernement voudrait museler toute forme de contestation populaire en situation préélectorale en instrumentalisant la grève étudiante. « Il me semble que les conseillers de M. Charest avaient tout le contexte global en tête et ont proposé une stratégie pour faire peur et faire taire les opposants de tous azimuts », lance M. Bélisle.
Même son de cloche du côté du député André Villeneuve. « Il vient s’assurer de ne pas avoir trop de manifestants sur les talons en campagne électorale. »
Pour la députée de Joliette, Véronique Hivon, cette loi n’a plus rien à voir avec son objectif initial. « Il n’y a rien qui touche spécifiquement les problèmes reliés aux casseurs dans la loi. Elle a pour but d’empêcher toute forme de manifestation spontanée, comme par hasard en pleine année électorale », plaide Mme Hivon.
De grandes décisions à prendre pour le gouvernement
M. Bélisle explique que des décisions seront rendues dans des dossiers environnementaux controversés d’ici le déclenchement des élections et que ceci concorde avec la période d’application de la loi qui devrait se terminer en juillet 2013.
Ce dernier, évoque le dépôt d’un rapport sur les gaz de schiste qui est prévu pour 2013. « Il est évident qu’il recommandera d’aller de l’avant avec la production de gaz de schiste puisque c’est son mandat. Devant une opposition qui sera toujours aussi vive, la loi 78 pourrait être utile », raconte M. Bélisle.
Le président de l’AQLPA a aussi relaté les décisions importantes où la loi 78 pourrait venir contraindre la contestation populaire. Par exemple, la centrale nucléaire de Gentilly 2, le Plan Nord et de l’exploitation pétrolière et gazière dans l’estuaire du Saint-Laurent, en Gaspésie et sur l’ile d’Anticosti.
Un gouvernement déconnecté
Accusant Jean Charest de réaliser un travail en sous-main pour des individus qu’il est, pour le moment, incapable d’identifier, André Villeneuve estime que le premier ministre ne priorise pas le bien-être des Québécois. « Jean Charest est un mercenaire, mais à la solde de qui? On le saura bien un jour. »
Le député de Berthier estime que le premier ministre Jean Charest répond prioritairement à ses préoccupations et aux préoccupations des gens du Parti libéral avant de répondre à celles de la population. « Le premier ministre agi avant tout en chef du Parti libéral », s’indigne le député péquiste. Il termine en expliquant qu’il faut déclencher des élections le plus rapidement possible afin que le peuple puisse se prononcer.
Pour sa part, la députée de Joliette estime que le gouvernement, en ayant laissé traîner les problèmes, se retrouve maintenant avec une crise sociale et un grave problème de légitimité.
Cependant, elle soutient que du positif émergera de cette situation puisque cette démarche soulève un mouvement de mobilisation bénéfique pour la société québécoise.
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