Selon les trois grandes associations syndicales policières au Québec
Le phénomène du désengagement policier prend de l'ampleur
Les trois grandes associations syndicales policières au Québec, ont réuni 475 représentants syndicaux et plusieurs invités, le mercredi 25 mai à Montréal, dans le cadre d’un sommet syndical portant sur le problème de société grandissant que représente le désengagement policier.
Ainsi, lors de cette initiative de l’Association des policières et policiers provinciaux du Québec (APPQ), de la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec (FPMQ) et de la Fraternité des policiers et policières de Montréal (FPPM) la ministre de la Sécurité publique du Québec, Geneviève Guilbault, est venue s’adresser aux délégués.
Les participants au sommet syndical ont alors entre autres bénéficié de présentations éclairantes sur ce phénomène. L’ex policier Greg Brown, détenteur d’un doctorat en sociologie, y a exposé l’essentiel de sa thèse, laquelle inclut des données quantitatives et qualitatives recueillies auprès de 3 660 policiers de 23 corps de police du Canada, dont celui de Gatineau, et de l’État de New York.
Sa thèse démontre que 72% des policiers et policières des corps de police concernés réduisent intentionnellement leurs interactions discrétionnaires, les considérant risquées, notamment à cause du prix à payer pour être injustement visés sur la place publique.
Portant sur cette même question, une étude menée par l’École nationale de police du Québec a également été présentée par la chercheuse Camille Faubert. Cette étude démontre que le désengagement policier au sein des corps de police québécois est une réalité manifeste.
« Les critiques prématurées et injustifiées, malgré un cadre juridique faisant du métier de policier le plus surveillé qui soit, accentuent le phénomène du désengagement », a expliqué Dominic Ricard, président de l’APPQ.
Bien que l’échantillon de la phase 1 de l’étude soit restreint à 21 policiers et policières, il révèle que huit d’entre eux ont avoué poser eux-mêmes des comportements de désengagement dans certaines circonstances.
Les causes identifiées sont les craintes de répercussions ou de conséquences, les critiques du public et la méconnaissance du métier de policier, le manque de soutien organisationnel, le sensationnalisme médiatique et la perception ou encore le sentiment d’injustice.
« La première des libertés est la sécurité et, dans une société démocratique, si on n’appuie pas nos policiers et policières, on mine notre sécurité et notre liberté », a mentionné François Lemay, président de la FPMQ.
Le remarquable succès de ce Sommet syndical policier a permis d’intensifier encore davantage la solidarité et la collaboration entre les organisations syndicales policières du Québec.
« Sans le sentiment d’être appuyé, il est très humain d’adopter une attitude moins proactive pour éviter les problèmes, avec comme effet un déclin des interpellations qui n’est pas sans conséquences », a souligné Yves Francoeur, président de la FPPM.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.