Les procureurs de la couronne à Joliette débordés

Par Guy Latour
Depuis l'imposition de la loi spéciale, le 22 février dernier, forçant le retour au travail des procureurs de la couronne après une grève de deux semaines, le district judiciaire de Joliette est amputé de quatre procureurs qui ont quitté pour cause de maladie.
Il s'agit du tiers du personnel régulier qui compte 14 procureurs en temps normal. «Déjà que nous fonctionnions avec des effectifs réduits, nous sommes débordés depuis le départ temporaire de ces procureurs», a indiqué le porte-parole local, Me Bruno Leclerc, la semaine dernière.
En fait, les procureures qui ont quitté sont toutes des femmes, deux d'entre elles s'occupaient des dossiers d'agressions sexuelles. «Il ne reste qu'un procureur pour ce type de dossiers, alors qu'il en faudrait au moins six», d'ajouter Me Leclerc.
«Nous avons été informés que nous devrons plaider des dossiers de nature sexuelle alors que nous devons préparer des procès de meurtre ou d'autres causes importantes. C'est clair que les prochaines semaines seront très difficiles», croit Me Leclerc.
Le Journal de Joliette a appris que deux avocates, qui sont en congé de maladie, auraient éclaté en sanglots lors de récentes discussions sur la surcharge de travail. «Des quatre procureures absentes, trois souffrent d'épuisement professionnel», confirme Me Leclerc.
Des procureurs de la couronne de Montréal, Saint-Jérôme, Trois-Rivières et du Tribunal de la jeunesse à Montréal viendront en renfort prochainement, et ce, pour de courtes périodes.
Conséquences directes
À Joliette, les congés de maladie des quatre procureures se font déjà sentir. On accumule de nombreux retards dans les dossiers en cours.
«Depuis deux ou trois semaines, il m'est arrivé peut-être une dizaine de dossiers pour lesquels les plaintes n'avaient pas encore été autorisées au moment de la comparution, raconte le criminaliste Michel Leclerc. Il y a même certaines salles de procès qui ont été pratiquement fermées vu l'absence de relève.»
La situation s'est tellement détériorée à Joliette au cours des dernières semaines que la direction a décidé de demander l'intervention de deux professionnels du programme d'aide aux employés au cours des prochains jours.
Autre conséquence : les procureurs, toujours en poste, ne peuvent plus profiter de la conciliation travail-famille jusqu'à nouvel ordre.
La porte-parole de la Direction des poursuites criminelles et pénales, Me Martine Bérubé, admet que la situation est préoccupante. Elle rappelle toutefois que le gouvernement du Québec a annoncé l'embauche prochaine de 97 nouveaux procureurs. Avec la collaboration de TVA Nouvelles
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