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La gestion du poids et la médication pourraient donc jouer un rôle dans la réduction du risque chez ces femmes.

Une étude détaille l'association entre l'obésité et le cancer du sein

durée 16h10
28 mars 2023
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne

L'obésité pourrait augmenter le risque de cancer du sein chez les femmes dont le risque est déjà plus élevé parce qu'elles sont porteuses des mutations génétiques BRCA1 et BRCA2, prévient une étude à laquelle a participé un chercheur montréalais.

Les chercheurs ont notamment constaté une corrélation directe entre l'indice de masse corporelle d'une femme et des dommages génétiques aux glandes lactifères. Ces dommages seraient attribuables à l'effet de trois hormones: la leptine, l'insuline et l'oestrogène.

La gestion du poids et la médication pourraient donc jouer un rôle dans la réduction du risque chez ces femmes.

«Tout le monde veut prévenir le cancer, mais ces gens doivent travailler plus fort parce que leur risque est plus élevé, a dit le docteur Michael Pollak, de la faculté de médecine de l'Université McGill. Le traitement habituel implique l'ablation des seins et des ovaires, et c'est efficace, mais c'est un peu traumatisant.

«Cette étude laisse entendre que, chez ces gens qui ont la mutation et qui sont aussi obèses, corriger les problèmes métaboliques peut réduire le risque.»

Les auteurs de l'étude ont découvert que des souris obèses qui avaient été modifiées génétiquement pour exprimer la mutation BRCA1 développaient des tumeurs cancéreuses plus tôt et plus fréquemment que les souris de poids normal.

Les chercheurs ont également constaté, lors d'expériences en laboratoire, qu'ils pouvaient réduire les dommages génétiques dans des échantillons de tissus en les exposant à la metformine, un médicament couramment utilisé dans le contrôle du diabète de type 2.

«La perte de poids et la metformine peuvent aider à réduire le risque (de cancer du sein chez les femmes obèses), a résumé le docteur Pollak. Ce n'est pas prouvé chez les humains, mais il n'y a aucun désavantage à atteindre un poids corporel idéal.»

D'autant plus, poursuit-il, que la metformine est un médicament connu et utilisé de longue date, qui ne comporte que peu d'effets indésirables. Pour les gens qui sont à la fois obèses et porteurs de ces mutations génétiques, «c'est une approche qui mérite d'être étudiée plus avant», a dit le docteur Pollak.

La metformine retient d'ailleurs l'attention des chercheurs pour combattre le cancer du sein depuis quelques années. Une vaste étude clinique dont les résultats ont récemment été publiés a conclu à un manque d'efficacité du médicament, mais l'étude voulait seulement savoir si la prise de la metformine améliorerait l'issue des patientes moyennes atteintes d'un cancer du sein.

Il importe donc de ne pas «sur-généraliser» les résultats de cette étude, a souligné le docteur Pollak.

«Notre étude sur des souris suggère que, chez certaines personnes, les porteuses (des mutations) qui sont aussi obèses pourraient en tirer des bienfaits», a-t-il dit.

Une autre étude, celle-là publiée en janvier dans le prestigieux journal Science par des chercheurs britanniques, montre que la famille de médicaments à laquelle appartient la metformine mérite de continuer à être étudiée dans le contexte de la lutte contre le cancer, a ajouté le docteur Pollak.

Le sujet est donc loin d'être clos, et il ne serait conséquemment pas superflu pour une femme obèse de discuter de la metformine avec son médecin, croit-il.

On estime qu'entre le quart et le tiers des cas de cancers pourraient être évités, rappelle le docteur Pollak, et même les patients qui sont ultimement guéris auraient certainement préféré ne jamais traverser cette épreuve.

«La prévention est nettement supérieure au traitement, a-t-il dit. On ne devrait jamais laisser passer une occasion de prévenir le cancer. Il n'est pas nécessaire de trouver un moyen de prévenir tous les cancers pour justifier les efforts.»

Les personnes atteintes d'obésité savent qu'elles devraient perdre du poids, par exemple pour protéger leur santé cardiovasculaire, a poursuivi le chercheur. La possibilité de réduire leur risque de cancer pourrait fournir à certaines la motivation supplémentaire dont elles ont besoin pour passer de la parole aux actes.

Mais il ne s'agit que d'une «possibilité», martèle-t-il: certaines personnes qui ont un mode de vie exemplaire souffriront quand même d'un cancer, tandis que d'autres qui fument deux paquets de cigarettes par jour ne seront jamais inquiétées par la maladie.

Il n'y a pas de garanties, a-t-il ajouté. Même un conducteur prudent qui met toutes les chances de son côté et qui prend toutes les précautions peut avoir un accident de la route.

«Le fait que ça ne soit pas garanti ne veut pas dire que ce n'est pas important, a-t-il dit. On peut seulement promettre de réduire le risque, pas de l'éliminer. Mais si on peut vivre avec un risque élevé ou avec un risque faible, pourquoi ne pas choisir le risque faible?»

Les conclusions de cette étude ont récemment été publiées par le journal Science Translational Medicine.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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