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Justice

Profilage racial à Repentigny : le plaignant obtient gain de cause

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5 juillet 2021
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Benjamin Richer
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Par Benjamin Richer, Journaliste

La Ville de Repentigny, ainsi que deux policiers du Service de police de Repentigny (SPVR), devra payer une somme de 38 400$ à Leslie Blot, ancien résident de la municipalité, en raison de profilage racial à son égard.

Les événements remontent au 22 juillet 2017, alors que Leslie Bot organise une fête de famille chez lui, à Repentigny. Assis sur le siège passager de la voiture de son amie, stationnée devant la maison, il gonfle des jouets à l’aide d’une pompe branchée sur l’allume-cigarette.

C’est à ce moment qu’une voiture de police fait trois allers-retours avant de s’arrêter devant la maison. Deux agents sortent et viennent lui demander de s’identifier. Selon M. Blot, ce genre « d’interpellation abusive » arrive souvent du fait qu’il est noir.

Il prend donc son téléphone afin de filmer l’intervention et demande aux policiers le motif de l’interpellation. Le policier le questionne à savoir ce qu’il faisait dans le quartier en raison de la plaque immatriculée à Laval. Ils ajoutent qu’il est au contrôle du véhicule et de ce fait, il a l’obligation de s’identifier.

M. Blot proteste en signifiant qu’il ne conduit pas la voiture, mais la policière insiste qu’il est au volant. L’un des agents tente par la suite de lui arracher le téléphone des mains. Devant le refus de M. Blot d’obtempérer, les policiers procèdent à une arrestation musclée en le menottant et en lui foulant une cheville pendant le contact physique.

Le téléphone, qui filme toujours la scène, est à ce moment entre les mains de son frère. La policière parvient à s’en emparer et effacer les preuves vidéo. Ces dernières ont toutefois été sauvegardées dans un dossier temporaire.

Une fois relâché, M. Blot reçoit quatre constats d’infraction, soit de 63 $ pour ne
pas avoir les papiers d’assurances, de 63 $ pour avoir conduit un véhicule sans certificat d’immatriculation, de 482 $ pour refuser de fournir ses pièces d’identité lorsqu’un policier les exige et un finalement de 149 $ pour avoir injurié un policier.

Ces amendes ont néanmoins été révoquées par l’avocat de la municipalité en août 2018.

Plainte pour profilage racial

En juillet 2019, le Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR) est mandaté par le plaignant pour porter plainte auprès de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) contre les policiers et la Ville de Repentigny.

La Commission a ainsi rendu sa décision la semaine dernière : « il y a suffisamment de preuve pour conclure au profilage racial et au traitement policier différencié à l’égard de monsieur Blot. La CDPDJ propose à la Ville et aux deux agents impliqués de verser un total de 38 400,00 $ en dommages matériels, moraux et punitifs à monsieur Blot pour atteinte à ses droits ».

Il s’agit d’un soulagement pour M. Blot. « Une chance que j’ai enregistré l’intervention et que mon frère soit là comme témoin, car l’intervention était complètement abusive et discriminatoire. Il faut que la Ville de Repentigny et ses policiers soient sévèrement sanctionnés pour leurs actes trop fréquents de profilage racial », indique-t-il.

Des mesures correctives et préventives sont recommandées à la Ville par la Commission, telles qu’une formation sur le profilage racial assurée par un expert du domaine et d’une évaluation formelle des acquis, le recueil et la publication systématique des données concernant l’appartenance raciale des personnes interpellées et une politique sur l’usage et la saisie de téléphones cellulaires et de caméras qui précise le droit des citoyens d’enregistrer une intervention.

Un problème récurrent

La Ville de Repentigny n’en est pas à sa première plainte du genre. Il s’agit du quatrième dossier porté par le CRARR dans cette municipalité. La réclamation totale de ces cas, à ce jour, est de 115 000 $ en dommages.

« Le message aux résidents et dirigeants de Repentigny est simple : la facture monte, car le profilage racial est non seulement illégal, mais aussi coûteux. Si on tient compte seulement des frais d’avocat et judiciaires pour les quatre cas devant le Tribunal, on parle facilement d’un quart de million de dollars d’ici trois ans sans compter d’autres décisions à venir », explique le directeur général du CRARR, Fo Niemi.

Le CRARR s’occupe actuellement de neuf autres plaintes de profilage racial déposées au nom de jeunes noirs qui ont fait l’objet d’interpellations policières dans cette municipalité.

Sur le page Facebook du SPVR, il est mentionné qu'une démarche de transformation organisationnelle est en cours depuis l'automne dernier. « Dans le cadre de cette démarche, nous sommes conscients que nous avons encore du travail à faire, et nous avons entamé une conversation avec les organisations de la société civile à Repentigny. Malgré les défis des derniers mois, nos agents continuent à faire leur travail avec dévouement, et nous saluons leur engagement », assure le SPVR. 

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