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Lettre ouverte

Deux étudiants du Cégep de Joliette rappellent que le « présentiel est essentiel »

durée 06h00
12 septembre 2020
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Par Salle des nouvelles

« Pour la première fois depuis les années 60, l'éducation va être la première priorité du gouvernement », a dit François Legault au tout début de son mandat. Deux ans plus tard, il semblerait que cette « première priorité » soit maintenant considérée comme un service moins essentiel qu’un centre d’achat ou qu’un resto, estiment Médéric Chalifour et Orlane Labine-Chevalier, étudiants de deuxième année en science de la nature au Cégep Régional de Lanaudière à Joliette. Voici leur lettre ouverte.

En effet, dans les cégeps et les universités, on est encore aux prises avec de l’enseignement majoritairement à distance, et, bien qu’on comprenne que la pandémie ne soit pas finie, il faut justement commencer à envisager une solution à long terme puisque le virus n’est pas près de disparaître. L’enseignement hybride ne peut qu’être qu’une solution provisoire. Étant donné que l’éducation doit redevenir la « première priorité », nous, les étudiants, réclamons plus d’heures en classe ainsi qu’un mode d’évaluation plus juste et en présence.

Un environnement peu propice à l'étude

Une hausse du décrochage est à prévoir: d’abord, l’éducation à distance s’avère être extrêmement démotivante et beaucoup moins facile que l’on pourrait le penser. Sans surprise, cette situation a forcé de nombreux élèves à abandonner leurs cours. « J’ai un déficit d’attention et c’est beaucoup plus difficile de m’organiser maintenant que c’est à distance parce que chaque prof a une méthode différente », nous dit Emmanuelle, étudiante en science de la nature.

De plus, certains enseignants dispensent leurs cours « asynchrones » en retard sur l'horaire établi, ce qui rend l’organisation encore plus difficile. En outre, de nombreux étudiants sont contraints à partager leur espace de travail avec le reste de la maisonnée: papa et maman en télétravail, petits frères et sœurs qui courent partout, chiens qui aboient… Bref, un environnement opposé au climat serein d’une classe normale. Il faut aussi prendre en considération que l’enseignement en ligne est un endroit propice à la cyber-intimidation.

Manque de contact social

Effectivement, c’est une fenêtre sur la demeure privée de chaque étudiant. Sans parler des enjeux de santé mentale et de motivation engendrés par le manque de contact social. De plus, lors d’une session normale, les élèves ont toujours la possibilité d’aller voir leurs professeurs pour leur poser leurs questions.

Aujourd’hui, nous pouvons souvent uniquement communiquer aux profs par courriel, ce qui crée parfois des malentendus au niveau de la matière. Toutes ces situations feront sans aucun doute en sorte que de nombreux étudiants vont quitter leurs études sans diplôme, sans compter qu’apprendre en ligne nécessite énormément plus d’attention, d’organisation et d’autodiscipline. On passe d’un mode d’étude où le professeur encadre ses élèves pour assurer leur réussite à un mode où on se fait presque dire: « Ben débrouille-toi! »

Un mode d’évaluation injuste

Ensuite, ce mode d’enseignement est moins fonctionnel autant pour les professeurs que pour les élèves, en plus de favoriser la triche. Les trop nombreuses plateformes rendent l’étude éparpillée, sans compter le fait que ce n’est pas tout le monde qui est à l’aise avec cette technologie. En effet, ce ne sont pas tous les cégeps qui ont offert une formation à leurs enseignants à ce niveau.  Aussi, chaque enseignant a sa propre façon plus ou moins efficace de donner la matière. Est-ce normal de n’avoir aucune idée de ce à quoi ressemble son prof? Est-ce normal que les élèves d’une même classe fassent leurs évaluations à une semaine d’intervalle? Est-ce normal de se faire dire que nous n’allons recevoir que 80% de la matière au programme? Non.

Il est inacceptable qu’un programme préuniversitaire ou qu’une technique n’enseigne pas toute la matière dont on aura besoin dans le futur. D’ailleurs, les programmes universitaires contingentés basent une grande partie de leur admission sur la cote R: une cote R qui ne sera pas représentative et qui ne comptera, pour la plupart, qu’une seule “vraie” session ainsi qu’une autre en ligne, où il est plus que facile de tricher. « Je ne connais personne qui n’a pas triché la session passée. Je ne suis pas fière de dire ça, mais tout le monde le faisait », rapporte une étudiante anonyme dans un article du journal Le Devoir.

Tel que mentionné dans cet article, les rares étudiants « qui se conforment aux règles sont pénalisés et voient leur cote R baisser. » Majoritairement, les examens se font sur une plateforme en ligne dans un contexte qui, en plus d’inciter à tricher, défavorise plusieurs
personnes, dont ceux qui vivent dans certaines régions où le réseau internet est lent. De plus, bien que certains cégeps offrent la possibilité d’emprunter gratuitement un ordinateur pour cette session, plusieurs n’ont pas d’imprimante ou tout simplement pas de wifi.

« Évidemment, on ne peut pas passer sous silence les nombreux problèmes liés à l'évaluation à distance. Il y a, de façon évidente, les enjeux de tricherie, de cote R, mais aussi le stress pour les étudiants quand le temps est limité et qu'ils doivent retourner leur évaluation numérisée au professeur avant le temps limite. Qu'arrive-t-il si un problème de technologie survient? », s'interroge une enseignante.

Et la sécurité?

La santé des étudiants et du personnel du cégep est évidemment un enjeu primordial. Cela est également le cas dans les écoles primaires et secondaires, et pourtant, ils ont la chance d’avoir une rentrée en « présentiel ».

Bien que la population des cégeps soit plus âgée, il faut se rappeler que, pour la population de moins de 30 ans, seulement 1,6% des cas ont nécessité une hospitalisation (soit 498 hospitalisations sur 30 551 cas en-dessous de 30 ans en date du 3 septembre 2020 au Canada). En ce qui a trait à la santé des enseignants, il leur est facile de conserver une distanciation de 2 m avec les étudiants en tout temps.

Des cours et examens en présentiels réclamés

Il faut aussi noter que le temps d’écran extrême nécessaire affecte définitivement la santé de tous. Une autre problématique avec les cégeps et les universités est que les cohortes sont habituellement plus nombreuses. Cependant, quand on cherche, on peut toujours trouver des solutions comme nous le prouve l'innovatrice Université de Sherbrooke. En utilisant les bâtiments religieux de leur ville pour donner des cours hors campus dans des salles plus grandes, ainsi qu’en dispensant certains cours à l’extérieur, ils sont en mesure de donner 60% de cours en présence. Il pourrait être intéressant pour plus de cégeps et universités de suivre leur modèle.

Pour conclure, rappelons-nous que le cégep, aussi déterminant pour notre futur soit-il, ne dure généralement que deux ou trois ans. C’est pourquoi il ne faut pas perdre de temps pour revenir à un système acceptable à long terme. C’est toute l’économie du futur qui en dépend puisque les étudiants seront un jour des travailleurs actifs de la société. Pour se faire, bien que nous ne voulions pas que cette session soit annulée, nous réclamons des examens en présentiel ainsi que la majorité de nos cours en classe. Même en cas de deuxième vague, on pense qu’il est important de trouver un moyen pour maintenir les écoles, cégeps et universités ouverts étant donné qu’en effet, l’éducation se doit d’être la « première priorité ».

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