Un officiel du hockey mineur tabassé par un joueur

Par Guy Latour
Un juge de ligne de l'association du hockey mineur de Joliette-Crabtree a été victime d'une sauvage agression lors d'un match de la catégorie midget CC, le 22 octobre dernier au Centre Récréatif Marcel-Bonin de Joliette.
La rencontre, qui opposait les Éperviers de Monteuil et les Cyclones de Joliette-Crabtree, était presque terminée lorsqu'un joueur des Cyclones a mis en échec un adversaire.
Par la suite, une mêlée a éclaté entre les dix joueurs sur la glace. « Je voulais refroidir les ardeurs d'un joueur de l'équipe locale et nous avons chuté sur la glace », de raconter la victime, Marc-Antoine Malo-Blouin en entrevue exclusive au journal, quelques jours après les événements.
Après s'être relevé, le jeune joueur de 16 ans aurait asséné deux coups de poings à l'officiel. « Il m'a frappé une fois à la mâchoire et une fois au niveau de la joue. J'ai été surpris qu'il me frappe et durant les deux minutes qui ont suivi l'agression, j'ai perdu la notion du temps », a-t-il avoué.
Durant ces deux minutes, alors que l'officiel était accroupi, le joueur des Cyclones aurait également tenté de lui donner un coup de patin au niveau du visage, ce qui aurait pu avoir des conséquences tragiques. Bien que M. Malo-Blouin ne se souvienne pas de cette tentative de coup de patin, le geste aurait été confirmé par l'arbitre en chef du match, dans un rapport écrit.
Suspendu 7 matchs
Le joueur impliqué dans cet agression, qu'on ne peut nommer car il est d'âge mineur, est passible d'une suspension minimum de sept parties, selon les règles de Hockey Québec. Il sera rencontré prochainement par le comité de discipline de la région Laurentides-Lanaudière qui statuera sur son cas.
Par ailleurs, l'association du hockey mineur de Joliette-Crabtree a pris les devants dans ce dossier, en décidant de bannir le jeune de toutes les activités de son association pour le reste de sa carrière.
« Après l'avoir rencontré, nous avons convenu qu'il ne jouerait plus aucun match avec Joliette-Crabtree. Le conseil d'administration ne peut tolérer un tel geste de la part d'un de ses joueurs. C'est totalement inacceptable », a reconnu le vice-président de la catégorie midget, Robert Lodge, en entrevue téléphonique.
Peur
Lors de l'entrevue avec Marc-Antoine, le 1er novembre dernier, ce dernier confiait ne pas avoir arbitré de matchs de hockey mineur depuis les événements.
« Actuellement, je suis un peu craintif d'être juge de ligne. Je préfère officier des joutes comme arbitre en chef, du novice à bantam », a-t-il avoué.
Le jeune homme de 22 ans a bien failli accrocher ses patins. « C'est vrai que j'ai songé à me retirer, mais je reçu beaucoup d'appuis de mes confrères officiels et des membres de l'association du hockey mineur », a-t-il ajouté.
Marc-Antoine n'en veut pas du tout au jeune qui a commis ces gestes : « Il a fait ça sous le coup de l'émotion durant la partie. Par contre, les joueurs et les parents doivent bien comprendre que le hockey n'est qu'un jeu. Si on chiale trop contre les arbitres, il y en aura de moins en moins. S'il n'y a plus d'officiels, il n'y aura pas de hockey » a-t-il conclu.
Pas d'accusation contre le jeune?
L'adolescent de 16 ans, qui a asséné deux coups de poings à l'officiel Marc-Antoine Malo-Blouin, lors d'un match de hockey mineur, le 22 octobre dernier, à Joliette, pourrait ne pas faire face à la justice.
Suite à l'enquête policière, la Sûreté du Québec, du poste de la MRC de Joliette, a remis son rapport à un procureur des poursuites criminelles et pénales qui décidera de la suite des événements. Le policier, qui a fait l'enquête, a suggéré que le jeune soit soumis à une sanction extrajudiciaire.
« C'est le procureur de la Couronne qui prendra la décision finale sur le dépôt ou non d'accusations. Si la mesure extrajudiciaire s'applique dans son cas, le jeune devra faire des travaux communautaires, en guise de compensation », a mentionné le sergent Martin Melançon, porte-parole de la SQ pour la MRC, lors d'une entrevue téléphonique, le 3 novembre dernier.
Plusieurs conditions sont nécessaires pour l'application d'une telle mesure, dont notamment la responsabilité du jeune, sa situation familiale, la nature du délit et des blessures, s'il y a lieu.
Le fait que le jeune risque de ne pas faire face au système judiciaire déçoit la victime ainsi que le responsable des arbitres de l'association du hockey mineur de Joliette-Crabtree, Martin Gravel.
« Si la situation aurait été l'inverse, soit qu'un arbitre d'âge adulte frappe un mineur, c'est certain qu'il aurait été arrêté et menotté. Pour moi, c'est la preuve que nous, les officiels, nous ne sommes pas protégés quand un événement semblable arrive », a déploré M.Malo-Blouin.
«Ce geste est regrettable et j'ose espérer qu'aucun autre membre du hockey mineur ne commettra un acte répréhensible de la sorte à l'avenir », a souligné M.Gravel.
Geste condamné
Tous les intervenants interviewés par le Journal de Joliette ont vivement condamné le geste du jeune de 16 ans.
« C'est très rare qu'un officiel est victime d'agression physique. La plupart du temps, il s'agit des abus verbaux de la part des joueurs et des entraîneurs. Le cas présent est certes un des plus graves de mémoire », a avoué Stéphane Lavoie, l'arbitre en chef régional pour Laurentides-Lanaudière.
« Tout ce que je peux dire, c'est qu'il s'agit d'un événement déplorable et hors de notre contrôle. Le jeune joueur a été banni de notre association », a commenté brièvement Dominique Laforest, présidente du hockey mineur de Joliette-Crabtree.
Le journal de Joliette a tenté d'obtenir les réactions du président du Comité Provincial des Arbitres, Marc Maisonneuve et du directeur-général de Hockey Québec, Sylvain Lalonde. Malgré de nombreux appels, personne, chez Hockey Québec, n'a été en mesure de commenter l'affaire.
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