Les lacs se meurent

Par Julie Beauchamp Martin
La plupart des lacs habités de la région ont des rives mal aménagées, une situation qui les met en danger.
Avoir un beau chalet avec vue sur le lac est le rêve de plusieurs. Un rêve qui peut toutefois tourner au cauchemar. Lacs malades, épisodes d'algues bleues, les cours d'eau de la région vieillissent de plus en plus rapidement. L'aménagement des bandes riveraines y est pour quelque chose.
Les lacs subissent eux aussi les effets du temps. Au fil des ans, des matières organiques s'y accumulent, la végétation aquatique devient plus abondante, l'eau devient moins claire et manque d'oxygène. Tout ça sur une période de plusieurs milliers d'années.
Le processus s'accélère toutefois pour plusieurs lacs. L'activité humaine, et tout particulièrement le mauvais aménagement des berges, menace nos lacs. Selon Francis Lajoie, géomaticien à la Corporation de l'Aménagement de la Rivière L'Assomption (CARA), aucun lac habité de Lanaudière peut se vanter d'être bien aménagé à 100%.
Pour qu'une rive de lac soit en santé, il ne devrait pas y avoir d'aménagement dans les premiers 10 mètres selon la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables. Cette politique ne peut toutefois pas être appliquée si elle n'est pas incluse dans le règlement de zonage des municipalités.
En 2003, seulement 11 % des municipalités de la province avaient adopté cette politique. Dans la région, Saint-Donat et Saint-Alphonse-de-Rodriguez font figure de modèle puisque des réglementations ont été mises en place pour obliger les riverains à revégétaliser leurs rives. « C'est un exemple que les autres municipalités devraient suivre », souligne Francis Lajoie.
Pour le président du Centre québécois du droit de l'environnement, Me Jean-François Girard, il est malheureux de voir les municipalités ne pas intervenir. «C'est comme laisser un gardien de but compter dans son propre filet», soutient Me Girard.
L'avocat, qui est aussi biologiste, n'hésite pas à qualifier l'état des lacs d'urgent. «Ça nous a pris une génération pour massacrer les lacs comme ça. Imaginez si on laisse faire ça encore une génération.»
C'est que les bandes riveraines dégradées et artificialisées sont une grande source de contamination et de sédimentation dans les lacs. Une bande riveraine idéale, composée de trois strates de végétaux, permet de filtrer les polluants et les sédiments et de contrer l'érosion des rives.
Avec les rives dénudées de toute végétation, comme on le voit souvent sur le bord de nos lacs, il n'y a plus de barrières pour protéger les eaux, ce qui accélère leur vieillissement et cause de nombreux problèmes, comme l'apparition d'algues bleues. «Quand il y a des algues bleues, c'est le lac qui crie à l'aide», explique Me Girard.
La solution se trouve dans la revégétalisation des bandes riveraines. «Il faut reboiser les bords des lacs, mais aussi les autres couronnes», précise l'avocat. Les municipalités peuvent également s'impliquer grandement dans le processus, en légiférant sur l'aménagement des berges.
La CARA a produit un guide sur la revégétalisation des berges pour permettre aux riverains de soigner leurs lacs.
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