Le chef Atikamekw veut nouer des liens d'affaires avec Joliette

Par Christian Chaloux
Le Chef du conseil des Atikamekw de Manawan entreprend une campagne de charme auprès des gens d'affaires de Lanaudière afin de bâtir des relations commerciales solides.
C'est la première fois qu'un élu autochtone est le conférencier vedette lors d'un dîner conférence organisé par la Chambre de commerce du Grand Joliette. Le Chef Paul-Émile Ottawa entend raffermir les liens d'affaires entre son village, Manawan, et les gens d'affaires de Lanaudière Nord.
Les relations sont loin d'être prospères entre les deux peuples.
Le Conseil de bande de Manawan gère un budget annuel avoisinant les 40 M$ par année. Les autochtones dépensent 90 % de leurs revenus en dehors de la réserve.
Et, pourtant, la méfiance est encore la coutume.
«Même si ça fait 40 ans que nous nous côtoyons, il y a encore une certaine méconnaissance de part et d'autre, et je pense qu'il y a des efforts requis de part et d'autre pour améliorer les relations, indique M. Ottawa. Essentiellement, nous avons beaucoup de difficultés à attirer les entrepreneurs chez nous. Je ne sais pas pourquoi. Ils ont peur de ne pas être payés.»
Le Chef donne en guise d'exemple sa tentative d'acheter une douzaine de véhicules au nom de la réserve, il y a quelques mois. La transaction se faisait chez un concessionnaire automobile de Joliette. Il a été surpris d'entendre le commerçant lui demander de payer en argent uniquement.
«Si nous sommes capables d'acheter nos véhicules, c'est parce que nous sommes capables de payer nos factures», lui a-t-il répondu devant le refus du commerçant de lui financer l'achat. «Il ne voulait rien savoir d'un bon de commande ou de facturer. Il ne voulait pas avoir un chèque émis par le conseil et ne voulait pas avoir une carte de crédit émise par le conseil.»
Cette situation embarrassante a obligé le conseil de bande à faire affaire avec un commerçant en dehors de la région.
«C'est des choses qui sont de nature à créer des malaises. C'est ce que je veux corriger et expliquer aux gens pour établir des relations d'affaires avec eux», dit-il d'un ton sans amertume.
M. Ottawa invitera également les gens d'affaires à embaucher de la main-d'œuvre autochtone. La crise forestière a frappé fort et le conseil de bande a pris les moyens pour recycler les employés touchés. Des cours en tourisme, en mécanique diesel et en restauration, entre autres, ont été dispensés tant pour la jeunesse que pour les chômeurs.
«Ce que je souhaite lancer comme message, c'est d'inviter les gens à essayer la main-d'œuvre autochtone. Depuis quelques années, plusieurs ont réussi à se trouver du travail ici, à Joliette», a-t-il souligné.
Le conseil de bande Atikamekw de Manawan compte 2 600 membres. Plus de 200 personnes demeurent dans différentes municipalités de Lanaudière.
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