Des exemptions aux droits de douane sont nécessaires, selon des groupes d'entreprises

Par La Presse Canadienne
Des chefs d'entreprise et des universitaires espèrent que le Canada et les États-Unis maintiendront les protections commerciales pour la plupart des biens une fois qu'un accord commercial aura été conclu.
Il n'est pas certain que les deux pays respecteront la date limite du 1er août pour conclure les négociations, et tout indique que les pourparlers ne permettront pas d'éviter certains droits de douane sectoriels.
Le premier ministre Mark Carney a déclaré lundi que les négociations étaient dans une «phase intense», tandis que le président américain Donald Trump a affirmé la semaine dernière que le Canada n'était pas une priorité pour son administration.
Que l'accord soit annoncé vendredi ou plus tard, le président de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, Dan Kelly, affirme que les membres de son organisation estiment qu'une «bonne partie» des échanges commerciaux doit rester exempte de droits de douane pour que les négociations soient considérées comme fructueuses.
Il ajoute que ce ne serait pas une victoire pour le Canada si l'accord commercial finissait par ressembler à celui conclu dimanche par les États-Unis avec l'Union européenne.
Ce cadre impose des droits de douane de 15 % sur la plupart des marchandises européennes importées aux États-Unis, y compris les automobiles, et ne prévoit aucune exemption pour des produits clés, tels que les produits pharmaceutiques et l'acier.
Selon le président de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, l'objectif devrait être de maintenir l'absence de droits de douane sur les produits actuellement protégés par l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM).
«Le plus crucial, à mon avis, pour les entreprises actuellement, c'est de savoir si nous serons en mesure de protéger l'exemption de l'ACEUM», a dit M. Kelly.
«Les droits de douane sectoriels sur les voitures, le cuivre, l'aluminium et l'acier sont clairement préjudiciables, mais, pour la plupart des produits manufacturés, il existe actuellement une voie vers une exonération effective de droits de douane, et nous espérons que cette voie sera maintenue», a-t-il ajouté.
Les États-Unis ont doublé les droits de douane sur les importations d'acier et d'aluminium à 50 % début juin et ont annoncé une taxe de 50 % sur le cuivre importé qui entrerait en vigueur en août.
La position de Mark Carney dans les négociations en cours est probablement axée sur la réduction de ces droits de douane sectoriels, car il est peu probable qu'il parvienne à les supprimer complètement, a estimé Drew Fagan, professeur à l'École Munk d'affaires internationales et de politiques publiques de l'Université de Toronto.
Cela s'explique par le fait que l'administration Trump a appliqué ces taxes à l'échelle mondiale, et pas seulement aux importations en provenance du Canada.
«Si elles sont supprimées, ce sera probablement le cas à l'échelle mondiale», a-t-il avancé.
Malgré les conséquences néfastes pour l'économie, les droits de douane moyens actuellement appliqués aux produits canadiens ne sont que d'environ 2 %, a pointé M. Fagan.
«C'est dix fois plus élevé que l'an dernier. En fait, pratiquement tous les droits de douane avaient été supprimés. Mais nous pouvons vivre avec 2 % et regarder vers l'avenir», a-t-il soutenu, ajoutant qu'il serait désastreux que Donald Trump mette fin à l'ACEUM et applique des droits de douane généralisés de 15 % au Canada.
«Ce serait un véritable désastre, a conclu le professeur. Je m'attends à ce que le premier ministre se refuse à un taux de 15 %.»
Dan Kelly a indiqué que les chefs d'entreprise canadiens surveilleront également les prélèvements qui resteront sur les importations en provenance des États-Unis, soulignant que les droits de rétorsion canadiens en vigueur «handicapent encore plus les petites entreprises que les droits américains».
Un sondage commandé par la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante ce mois-ci a révélé que près de sept petites entreprises sur 10 important des États-Unis payaient le droit de douane canadien complet, pour un coût médian de 9000 $.
Alors que Mark Carney a assuré plus tôt cette semaine aux entreprises canadiennes qu'Ottawa «ne signerait qu'un accord qui soit le bon», M. Kelly a déclaré que beaucoup souhaitent simplement «la conclusion de ce sombre chapitre des relations canado-américaines».
«Je ne conteste pas qu'il vaut mieux ne pas avoir d'accord qu'un mauvais accord, mais le deuxième pire scénario est l'incertitude créée par l'absence d'accord», a-t-il dit.
Sammy Hudes, La Presse Canadienne