Rapport de 142 pages
Le rapport «Prêt pour l'IA» appelle Québec à agir rapidement pour encadrer l'IA
Par La Presse Canadienne
Québec doit dès maintenant plancher sur une législation afin d’encadrer le développement et le déploiement de l’intelligence artificielle (IA) sur son territoire.
Le Conseil de l’innovation du Québec a dévoilé lundi son rapport très attendu sur les orientations que doit suivre le Québec afin de maintenir sa position de chef de file dans ce domaine tout en protégeant les citoyens avec des balises pour s’assurer que l’usage de l’IA soit aussi éthique et responsable.
C'est par voie virtuelle que le ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon, son collègue responsable du numérique, Éric Caire, et l'innovateur en chef du Québec, Luc Sirois, ont présenté le volumineux rapport de 142 pages, intitulé «Prêt pour l’IA».
Celui-ci place au sommet de ses recommandations que «Québec entame sans tarder les travaux qui mèneront à l’adoption d’une loi-cadre spécifiquement dédiée à encadrer le développement et le déploiement responsables de l’IA dans la société». Il recommande de plus de retirer au gouvernement la responsabilité d’appliquer cette loi-cadre et de la confier, ainsi que l’élaboration des règlements liés à sa mise en œuvre, à «une autorité indépendante du pouvoir exécutif».
Travail et culture
Puisqu’il est déjà acquis que l’IA engendrera des transformations majeures dans le domaine du travail, les experts invitent le gouvernement à réviser et à moderniser sans tarder le droit du travail et des politiques sociales pour tenir compte de l’évolution rapide de l’IA.
Du côté socio-culturel, ils soulèvent le besoin d’agir pour contrer la désinformation et la mésinformation facilitées par la capacité de l’IA à produire des hypertrucages. Le rapport invite également le gouvernement à protéger le travail des artistes et leurs droits d’auteur, notamment en empêchant l’utilisation de leur voix ou de leur image par l’IA générative sans leur consentement. Du même souffle, le Conseil encourage Québec à utiliser les leviers législatifs à sa disposition pour améliorer le visibilité des contenus culturels francophones et autochtones sur les grandes plateformes telles que Netflix et autres Spotify.
Former les jeunes
Un autre des grands axes du rapport vise la formation, à commencer par l’implantation de programmes d’enseignement de la maternelle à l’université en littératie numérique et en IA non seulement pour l’usage, mais aussi pour apprendre à exercer une pensée critique à son égard. La formation doit aussi être étendue à divers paliers qui œuvrent en formation professionnelle et continue auprès des travailleurs pour soutenir leur adaptation à l’entrée de l’IA en milieu de travail.
Pour une implantation et un développement responsables, le Conseil de l’innovation estime qu’il est nécessaire «d’investir de manière significative dans des travaux de recherche, spécialement en sciences humaines et sociales», entre autres pour mieux cerner les questions entourant la sûreté de l’IA et ses impacts sociétaux.
Il suggère également de soutenir le développement et la commercialisation des outils qui seront développés avec ces technologies et d’augmenter la puissance de calcul à laquelle les acteurs du domaine ont accès, l’IA exigeant des capacités informatiques de puissance très élevée. Aussi, constatant la «faible quantité de données en langue française et données québécoises», le rapport recommande de soutenir le développement d’une banque de données culturelles nationales de haute qualité.
Investissements d'envergure
Enfin, le rapport demande au gouvernement Legault de mettre dès maintenant à la disposition des ministères, des organismes, des sociétés d’État et des municipalités, une enveloppe budgétaire d’envergure pour planifier et mettre en œuvre les projets en IA «hautement stratégiques», suggérant au passage de se concentrer sur «les missions essentielles de l’État, qu’il s’agisse de soigner les malades, d’éduquer les enfants ou de lutter contre les changements climatiques».
Le rapport est le fruit d’un important travail de consultation et de réflexion mené avec la collaboration de centaines d’experts et de milliers de personnes de toutes les sphères de la société civile depuis le mois d’avril dernier.
Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne
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