Le ministre Lionel Carmant a écouté les intervenants du Centre jeunesse de Lanaudière
L'APTS dénonce la surcharge de travail et une ambiance délétère au Centre jeunesse
Par Salle des nouvelles
Lors d’une rencontre surprise qui a duré tout près d’une heure, les intervenants du Centre jeunesse de Lanaudière ont pu s’adresser directement pour la première fois au ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, sur le climat de travail néfaste et le manque flagrant de ressources pour répondre aux besoins des jeunes et de leur famille. Tout cela engendre une énorme surcharge de travail, ainsi que des conditions de travail et de pratique éprouvantes.
« Le ministre a pu constater la situation qui prévaut au Centre jeunesse de Lanaudière. La surcharge, la violence et la détresse vécues par le personnel sont bien réelles et ne peuvent être cantonnées à des statistiques auxquelles on donne le sens que l’on veut. Le climat de travail se détériore depuis de nombreuses années. La situation est grave et le ministre doit faire comprendre à nos dirigeant·e·s que des actions énergiques et rapides sont de mise si nous voulons endiguer l’exode des intervenants vers d’autres centres d’activité », a indiqué Kevin Newbury, président de l’exécutif local APTS du CISSS de Lanaudière.
À ce sujet, le ministre s’est particulièrement intéressé à un témoignage poignant sur la surcharge de travail et les listes d’attente cachées dont il ressortait clairement que les intervenants n’ont plus les ressources et la capacité d’appliquer la loi convenablement ni de répondre aux besoins des enfants.
Des "mégastructures" loin des réalités exprimées
L’APTS a également formulé le souhait que le ministre intervienne directement auprès de l’établissement afin que la direction collabore avec l’exécutif local immédiatement, puis sur une base régulière, pour trouver des solutions paritaires aux différentes situations vécues.
Il faut dire que les centres jeunesse ont été durement éprouvés par la réforme Barrette et ses fusions qui ont mené à la formation des centres intégrés de santé et de services sociaux, universitaires ou non. Du coup, ils ont été pris dans le carcan des mégastructures, dont les hauts dirigeants ignorent les réalités sur le terrain.
« On l’a constaté lors des auditions de la Commission Laurent, certains PDG de centres intégrés ne comprennent pas le travail que doit effectuer la protection de la jeunesse et appliquent un modèle de gestion où seules les statistiques prévalent sans prendre en compte la qualité des soins et des services offerts aux enfants et à leur famille », a poursuivi Steve Garceau, représentant national de l’APTS de Lanaudière, lui-même intervenant en centre jeunesse.
La fin de la loi du silence
Depuis plusieurs semaines déjà, la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse (CSDEPJ) entend les témoignages de plusieurs acteur et autrices de la société civile et d’anciens dirigeants. Or la présidente, Régine Laurent, déplore l’omerta qui freine la participation des intervenants, loin de se bousculer pour exposer la situation à la DPJ.
D’ailleurs, lors de la rencontre, le ministre a été particulièrement incisif à ce sujet. Pour lui, la loi du silence doit être complètement proscrite dans le réseau de la santé et des services sociaux. Une directive a été envoyée à l’ensemble des établissements pour mettre fin à cette pratique. Il invite par ailleurs tous les intervenants de la protection de la jeunesse de Lanaudière à s’inscrire et à témoigner à la CSDEPJ.
« Tout comme le ministre, l’APTS de Lanaudière encourage les intervenants qui le souhaitent à communiquer avec la CSDEPJ. C’est possible de témoigner devant les commissaires seulement, de demander un huis clos et de participer aux forums réservés aux professionnels qui auront lieu le 30 janvier prochain dans la région de Lanaudière. Il faut que notre voix se fasse entendre », a conclu le représentant national.
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