Des forestières convoitent un vaste territoire vierge sur la réserve atikamekw de la Manawan

Par Guillaume Valois
Un territoire vierge d’une grande valeur culturelle et environnementale est sérieusement convoité par des entreprises forestières sur la réserve de la Manawan.
Les secteurs de la petite rivière Cabasta et celui du Lac Margaret sont situés à environ 3 heures de route au nord du village de la Manawan. Rodrigue Jacob, chef de territoire et Robert Échaquan, chef de territoire adjoint s’opposent à toute coupe sur le territoire avant qu’une aire protégée, planifié conjointement entre le ministère de Ressources naturelles et de la Faune et les différents chefs de territoire concernés, ne soient réalisés. « Le gouvernement et les forestières veulent faire une aire protégée dans le secteur après que les coupes aient été faites, c’est ridicule », déplore M. Étchaquan. Ce dernier prépare un recours en justice et n’exclut pas la possibilité d’ériger des barricades si les forestières vont de l’avant avec leur projet sans la permission des chefs de territoire.
Le propriétaire de la pourvoirie Nemiskashing, Michel Desjardins, appuie les Atikamekws dans leur démarche. « Je dis aux autochtones de ne pas céder ce territoire puisque c’est le seul territoire vierge restant dans le secteur », soutient le pourvoyeur. Ce dernier explique que les Atikamekws sont constamment sollicités par les forestières pour des rencontres concernant une possible coupe. M. Desjardins ajoute que la coupe intensive contribue notamment à la destruction des frayères à poissons du secteur à cause l’augmentation des apports en phosphores en provenance de l’eau de ruissellement.
Un joyau environnemental et culturel
Le secteur convoité est riches en essence d’arbres comme l’épinette le pin et le bouleau. Il possède aussi une biodiversité sans pareil et est doté de nombreux ravages d’orignaux. « On a les droits, c’est notre territoire, c’est le dernier de ce genre, aussi riche en gibier et en poisson », évoque M. Échaquan. Il raconte que les territoires de chasse sont les meilleurs médicaments pour combattre les ravages que provoquent les problèmes sociaux qui font rage sur la réserve. « Le bois et la nature, c’est notre héritage, c’est notre culture », plaide M. Échaquan.
Pour les Atikamekws, le territoire est considéré comme un garde-manger, une pharmacie, un lieu de sépulture, bref, c’est le lieu où leur mode d’organisation sociale tire tout son sens. Plutôt que d’appliquer une logique d’exploitation intense du territoire, les Atikamekws ont une relation avec leur milieu qui met de l’avant la bonne gestion des ressources pour les générations futures. Donc, pour les Atikamekws, la coupe intense représente une menace non seulement pour les écosystèmes, mais aussi pour leur mode de vie.
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