Coupe illégale au pays des Atikamekws

Par Guillaume Valois
La réserve atikamekw de la Manawan, située à plus de 183 km au nord de Joliette, hébergerait un territoire vierge d’une grande valeur environnementale qui aurait été exploité sans permission par des forestières.
Rodrigue Jacob, chef territorial au sein de sa famille, se positionne contre l'exploitation d'un des derniers territoires vierges fréquentés par ses ancêtres. Selon M. Jacob, en 2012, la forestière Forex a construit sans aucune permission de la part des chefs de territoire, des chemins dans le secteur du Lac Margaret. M. Jacob n’était nullement au courant de cette exploitation. Les travaux ont cependant été arrêtés par Véronique Coudé, une ingénieure du ministère des Ressources naturelles et de la Faune. Forex quand même décidé d’aller de l’avant même si le 2 septembre 2011, un gestionnaire de l’entreprise, Louis-Marie Girard, avait été avisé de l’impossibilité d’exploiter le territoire sans entente au préalable avec les Atikamekws. « Ils sont venus nous informer, après avoir commencé les travaux, de la façon dont ça allait se passer, que c’était le gouvernement qui avait tout organisé et qu’il y allait avoir des aires protégées », se rappelle M. Jacob. Ce dernier soutient qu’il ne permettra jamais la coupe de bois sur son territoire de chasse.
On demande réparation
Dans une lettre formulée le 15 juin dernier et adressée au ministre responsable des affaires autochtones du Québec, Geofrey Kelley, M. Jacob et Robert Étchaquan autre chef de territoire, demande réparation pour les torts causés à l’environnement et à leur territoire de chasse. « Nous attendons toujours une réponse au sujet de notre demande de démolition des chemins forestiers construits, sans notre permission, dans le secteur du Lac Margaret. Nous voulons que ces chemins soient détruits, scarifiés et reboisés. »
Devant les travaux pratiqués sur leur territoire de chasse, le sous-ministre associé de M Kelley, Jean S. Lebel avait avancé qu’aucune valeur atikamekw connue n’avait été touchée. M. Jacob et Échaquan répondent que le sous-ministre semble ignorer que la préservation des territoires vierge est une valeur atikamekw qui remonte bien avant l’arrivée des premiers colons français et qu’elle est une valeur largement véhiculée au Québec.
Les deux Atikamekws ont l’intention de protéger leur territoire qui est situé à l’intérieur de la réserve de la biodiversité du Lac Némiscachingue. « À quoi ça sert de protéger un lac si on ne protège pas son approvisionnement en eau pure et en poissons », se questionnent M. Jacob et M.Étchaquan.
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