Huit ans de pénitencier pour un abuseur

Par Guy Latour
Un homme bien connu de Saint-Damien-de-Brandon, Maurice Tellier, 78 ans, passera les huit prochaines années au pénitencier pour avoir abusé sexuellement de ses deux filles et de ses quatre belles-sœurs.
Le 18 octobre dernier, l'accusé avait plaidé coupable à 15 chefs d'accusation d'attentat à la pudeur et de grossière indécence. Les abus sont survenus sur une période de 30 ans environ, soit entre mars 1956 et janvier 1984, surtout à Saint-Damien. Certaines des victimes avaient 4 ans lorsque les gestes ont débuté.
Sur ses deux filles biologiques, l'accusé a touché les parties intimes de celles-ci en plus de les obliger à le masturber de façon régulière. La plus jeune a vu M. Tellier s'exhiber nu devant elle et lui faire d'autres types de caresses. Pour ce qui est de l'ainée, il y a eu plusieurs gestes dégradants. L'accusé a aussi fait de nombreux actes d'exhibitionnisme sur deux de ses belles-sœurs ainsi que des touchers aux parties génitales. Pour les autres, il y a eu des touchers aux différentes parties du corps.
Maurice Tellier a même usé de violence à une reprise sur une de ses belles-sœurs. Il l'a prise par la gorge et s'est masturbé jusqu'à avoir une éjaculation. Il l'a serrée tellement fort que cette dernière a bien failli s'évanouir.
Deux de ses belles-sœurs ont repoussé à plusieurs reprises l'accusé, mais celui-ci a continué à commettre des agressions sur celles-ci.
Suggestion commune
Le 13 décembre dernier, alors que devaient se tenir les représentations sur sentence de l'accusé, Me Amélie Rivard, pour la poursuite, et Me Louis-Philippe Laplante, pour la défense, ont fait une suggestion commune de huit ans d'emprisonnement à compter de ce jour.
Avant de rendre sa décision, le juge Maurice Parent a demandé à l'accusé s'il avait quelque chose à dire. «Même si j'avais écopé de 20 ans, toutes les preuves étaient contre moi», a déclaré M. Tellier.
«Le rapport présentenciel était très peu favorable, car monsieur nie les faits, malgré son plaidoyer de culpabilité. De plus, il n'a fait preuve d'aucun remords envers ses victimes. C'est un dossier très peu sympathique», a souligné Me Rivard, à sa sortie du tribunal.
Rappelons qu'après son plaidoyer de culpabilité, Maurice Tellier, qui était en liberté depuis sa mise en accusation, avait pris le chemin des cellules, car le juge Parent avait immédiatement ordonné sa détention jusqu'au prononcé de la peine. L'accusé est confiné dans un fauteuil roulant en raison de son état de santé précaire.
Lors du prononcé de la sentence, trois des victimes étaient présentes dans la salle d'audience, soit deux de ses filles biologiques, victimes dans cette affaire, Louiselle et Colombe Tellier ainsi qu'une belle soeur, Lucille Coutu.
«Je tourne la page!» - Louiselle Tellier
La fille de Maurice Tellier était une personne soulagée, quelques minutes après que son père ait écopé de huit ans de prison, le 13 décembre dernier.
«Enfin, je vais pouvoir tourner la page. Ça fait tellement d'années que j'attendais cela. Mon père a eu ce qu'il mérite», a souligné Louiselle Tellier, à sa sortie de la salle d'audience.
Avant de rendre sa sentence, le juge Maurice Parent a aussi levé l'ordonnance de non-publication qui interdisait la divulgation du nom de l'accusé et des victimes, à la demande de celles-ci.
Mme Tellier s'attendait à ce que l'accusé écope d'une peine inférieure, en raison de son âge et de son état de santé chancelant.
Violent et impulsif
«Durant toutes ces années, mon père a été très violent et impulsif envers nous et les membres de la famille. Nous avions tous très peur de lui», ajoute-t-elle.
Aux yeux de tous, l'accusé a toujours été un mari et un père modèle, personne ne s'est douté de rien dans l'entourage de cette famille.
«Dès que Maurice Tellier était à la maison. Il tentait de m'agresser. Ma mère avait bien un doute, mais aucune certitude», affirme-t-elle.
Louiselle Tellier a attendu presque 25 ans avant de porter plainte. «Je n'étais pas prête à affronter le processus judiciaire lorsque j'ai dit à ma mère que mon père avait abusé de moi», dit-elle. Sa mère avait cependant mis fin à sa relation avec Maurice Tellier, aussitôt au courant des abus. C'est suite à certains événements semblables survenus dans sa famille que Mme Tellier s'est rendue à la Sûreté du Québec, poste de Saint-Gabriel-de-Brandon, pour rencontrer un policier.
Selon Louiselle Tellier, l'accusé aurait fait une dizaine d'autres victimes, soit des membres de la famille immédiate ou des connaissances. Celles-ci n'auraient pas porté plainte par peur ou n'étant pas prêtes de le faire.
«Si moi j'ai tourné la page, pour les autres victimes, la sentence de mon père va leur permettre d'entamer un processus de guérison intérieure», termine Mme Tellier.
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