Écoute bien ça!
Vive le vent : baleinier, Far West et cloches bostonnaises
25 décembre, nous y sommes ! Tous les dodos sont écoulés ! Après un mois et demi de décorations, d’espérances et d’ambiance musicale, nous voilà donc à la journée ultime !
Déjà demain, on met la clé dans la porte de la musique de Noël. Pendant que la porte est encore entr’ouverte, je vous invite à m’accompagner dans le récit de ce qui est probablement la chanson la plus emblématique de Noël : Jingle Bells (Vive le vent).
Difficile de négliger l’impact de Vive le vent: aucun film de Noël ne peut s’en passer et tous la chantent dès qu’on apprend à parler. J’irais même jusqu’à dire qu’un jour ou l’autre, on l’a tous eue pour chanson préférée. Pourtant, peu de personnes connaissent vraiment son histoire et son auteur-compositeur.
Le compositeur : James Lord Pierpond (1822-1893)
Il faut le lire pour le croire, car la vie de l’auteur de Jingle Bells est presque légendaire. Natif de Boston et aventurier dans l’âme, Pierpond quitte l’école à 14 ans pour s’embarquer sur un baleinier. Quelques années plus tard, il s’enrôlera dans la marine américaine avant de fonder sa famille dans l’état de New York.
Par la suite, il quitte femme et enfants pour la ruée vers l’or du Far West (un comportement peu familial pour l’auteur de l’hymne aux rassemblements de Noël). Il reviendra dans l’Est ruiné, mais toujours aussi friand d’aventures. Dans les années 1850, c’est finalement comme organiste d’église qu'il trouvera sa voie. Il composa plusieurs pièces sur ses aventures et ses voyages, et l’une d’elles portera ses plus beaux souvenirs d’enfance : les courses de traîneau de la région de Boston. Eh oui! Au 19e siècle, il y a des hivers à Boston et les traîneaux à neige sillonnent la ville déjà bicentenaire.
La chanson: The One Horse Open Sleigh
Vive le vent n’a pas été écrite pour Noël, elle ne se voulait même pas une chanson familiale, mais plutôt un hymne aux plaisirs d’hiver. L’auteur voulait en faire un classique de Thanksgiving et son titre original était « The One Horse Open Sleigh ».
Mais qu’est-ce qu’une « one horse open sleigh » ? C’est une carriole sans cabine tirée par un cheval. Selon moi, toute l’essence de la chanson est dans le titre; les flocons et le vent qui nous fouettent le visage, l’excitation de glisser sur la neige. C’est l’énergie du moyen de transport qui rend la pièce irrésistible. Les couplets glissent et les refrains secouent !
D’ailleurs, les « jingle bells » des refrains sont les cloches qu’on accrochait aux carrioles pour signaler notre présence aux piétons. Les traîneaux à neige se déplaçaient rapidement et de manière silencieuse, il n’était donc pas rare que les passants se fassent renverser par les attelages.
À l’époque, la pièce est plus proche d’une chanson à boire pour adultes que d’une chanson familiale. Il paraît même que l’esprit libertin de l’auteur serait perceptible dans l’évocation un peu grivoise de l’un des vers : “go it while you’re young, take the girls tonight and sing this sleighing song” ( Allez-y tandis que vous êtes jeunes, prenez les filles ce soir et chantez cette chanson de glissades). Encore une fois nous sommes loin de l’esprit bon enfant prêté habituellement à Vive le vent.
The One Horse Open Sleigh passa presque inaperçu lors de sa publication en 1857, mais connut une popularité importante auprès des chorales du Massachusetts deux ans plus tard, lorsqu’elle fut rebaptisée Jingle Bells.
Pour que les cloches deviennent le « vent d’hiver », il faudra attendre 1948 et la traduction de l’auteur et humoriste français Francis Blanche. Vous connaissez le reste de l’histoire, depuis, aucun Noël n’est Noël sans Vive le vent.
Donc d’ici ce soir, avant de refermer complètement le coffre au trésor de la musique de Noël, songez, aux rues autrefois enneigées de Boston, à la ruée vers l’or et à comment naissent les légendes…
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