Maurice Richard fils, toujours fier de se souvenir

Par Stéphane Fortier
Le légendaire Maurice Richard aurait probablement présenté un air renfrogné en apprenant qu'il avait été celui qui a inspiré le plus les artistes à l'occasion de l'exposition Mythes et légendes présentée à la Galerie Archambault de Lavaltrie jusqu'au 15 octobre.
En voyant toutes les œuvres réalisées sur son illustre père, Maurice Richard fils n'en revenait pas lui-même de tout le travail effectué par les artistes. «Je suis un peu surpris de voir autant d'œuvres consacrées à mon père», de dire M. Richard qui réside à Repentigny depuis plusieurs années. Qu'en aurait pensé son père? «Le milieu artistique, ce n'était pas son monde. En plus, mon père n'a jamais compris pourquoi on l'adulait autant et encore moins en dehors du sport. Pour lui, il n'était simplement qu'un joueur de hockey», de dire Maurice Richard fils. Pourquoi les gens l'aimaient-ils tant. «Au-delà de la symbolique, je crois qu'il faisait partie du peuple. Il parlait à tout le monde et il était accessible. Et s'il paraissait un peu bourru à première vue, c'est qu'il était très gêné. Mais une fois qu'il était à l'aise et se mettait à jaser avec les gens, il était très chaleureux. Il aimait les gens et les jeunes. Et de plus, il a toujours joué ici, dans son patelin. Il a été loyal aux Canadiens de Montréal. Aujourd'hui, c'est la loyauté au dollar qui parle dans le hockey», estime M. Richard.
Son père s'est aussi beaucoup investi socialement en appuyant diverses causes et en faisant d'incalculables apparitions publiques au fil des années.
À travers le temps
Le légendaire Maurice Richard nous a quittés depuis 11 ans déjà, mais il est pourtant toujours présent dans nos esprits. «Son image a traversé le temps. Il est devenu un symbole pour le peuple québécois. Il fait maintenant partie de nos légendes», affirme son fils avec fierté.
Posant devant un tableau représentant son père en train d'asséner une correction à un adversaire, Maurice Richard fils rappelle qu'on ne parlait pas de son paternel comme d'un bagarreur. «Il avait un caractère bouillant, ses adversaires le savaient et ils se faisaient un malin plaisir de le piquer au vif. Il ne cherchait jamais la bagarre, mais il ne reculait jamais devant personne», se souvient le Repentignois.
Ce qui irritait le Rocket était l'injustice. Il avait été traité injustement lors de l'affaire qui avait entraîné l'émeute en 1955. Mais son fils se souvient également de la façon un peu particulière dont on attribuait les points lors de matchs à Détroit.
Aux États-Unis et ailleurs au Canada, on s'est souvent fait un devoir d'honorer les personnages légendaires, par exemple en faisant de leur propriété un musée. «Nous avons essayé de le faire avec sa maison d'Ahuntsic, mais le projet n'a pas suscité l'intérêt escompté», note son fils que sa conjointe Roxane surnomme affectueusement Rocket. Quant aux objets appartenant à la légende, Maurice fils est bien heureux d'en voir la plus grande partie exposée au Musée des civilisations à Gatineau. «Nous (la famille) aurions pu faire un beau coup d'argent avec les objets de notre père, mais au fond, nous sommes bien heureux que ses souvenirs soient demeurés au Québec, grâce notamment à une loi passée par le gouvernement.
Le Repentignois
Maurice Richard fils est aujourd'hui un heureux retraité de la STM (Société de Transport de Montréal) depuis cinq ans. Et comme bien des retraités, il n'a guère le temps de s'ennuyer. «Le golf, le ski font partie de mes loisirs, et puis, il y a toujours de petits travaux à faire autour de la maison», dit-il. Pour lui, citoyen ordinaire, si l'on peut dire, être le fils d'une légende n'a jamais été trop lourd à porter. «Ce qui a été le plus difficile, c'est lorsque j'ai joué au hockey. Il va de soi que l'on s'est fait un malin plaisir de me comparer à mon père. Malheureusement, je n'étais pas aussi bon que lui», admet celui qui a tout de même joué dans les rangs universitaires pour les Carabins alors qu'il étudiait aux Hautes études commerciales (HEC).
En attendant, il lui fait toujours plaisir d'assister à des manifestations qui veulent rendre hommage à son célèbre père.
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