Projet de loi
C-18: Plusieurs entreprises sont prêtes à réorienter une part de leur publicité
Par La Presse Canadienne
De plus en plus d’annonceurs québécois commencent à retourner leurs placements publicitaires vers les médias d’information au détriment des géants du web.
L’Association des agences en communication créative, ou A2C, qui regroupe les agences de publicité du Québec, annonce avoir recueilli plus de 75 engagements d’entreprises, d’organismes et d’agences à consacrer au moins 25 % de leurs placements publicitaires numériques dans des médias d’ici.
Certains gros noms se retrouvent dans cette liste, notamment A. Lassonde, Desjardins, le Fonds de solidarité FTQ, VIA Rail Canada et Metro et ses filiales, qui comprennent Super C et Jean Coutu, entre autres.
A2C avait lancé il y a trois ans le Mouvement média d’ici, appelant les entreprises à soutenir les médias par cet engagement d’investir au moins le quart de leurs achats publicitaires dans les médias. Il y a deux semaines, A2C est revenue à la charge, lançant un nouvel appel avec cette fois la promesse de rendre publics les noms de ceux qui s’ajouteraient au mouvement.
Bras de fer autour de C-18
L’appel d’A2C s’inscrivait dans la foulée des gestes posés d’abord par certains médias puis par les gouvernements du Canada et du Québec qui avaient alors annoncé qu’ils cessaient toute publicité sur les plateformes de Meta, notamment Facebook et Instagram, en réponse à la décision de Meta de bloquer les nouvelles canadiennes. Meta et Google, notamment, sont engagés dans une partie de bras de fer avec le gouvernement fédéral, dont la récente loi C-18 les oblige à partager une part de leurs revenus avec les médias d’ici.
Dans la liste des 74 compagnies inscrites, on retrouve sans surprise la plupart des grands médias, dont Cogeco et Québecor, qui avaient été les initiateurs du boycottage.
L'influence des agences
Aussi, outre les grandes entreprises et organismes comme ceux mentionnés plus haut, on recense également de grandes agences publicitaires comme Cossette, LG2 ou Sid Lee, qui comptent entre 350 et 465 employés chacune. Près de la moitié des signataires, en fait, sont des agences de publicité, ce qui n’est pas anodin: l’engagement de ces agences - qui représentent des centaines d’annonceurs - est de proposer «des plans médias responsables ou initiatives marketing avec l’objectif d’atteindre ou de surpasser la cible de 25 % en investissements médias numériques dans les médias canadiens».
Bien que cet engagement ne comporte pas d’obligation, se limitant à inciter l’investissement dans les médias locaux, et que la décision finale appartienne aux clients, la présidente et directrice générale d’A2C, Dominique Villeneuve, affirme que l’ouverture est bel et bien là et que de nombreux clients acceptent volontiers d’investir une part de leurs dollars publicitaires dans les médias locaux.
Plusieurs autres entreprises avaient déjà annoncé leur intention de boycotter les géants du web, incluant de grandes sociétés d’État comme la SAQ, Loto-Québec ou encore Hydro-Québec.
Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne
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