Les séquelles peuvent être importantes

Par Mathieu Ferland
Au niveau criminel, les fausses accusations laissent des traces qui peuvent perdurer. Le Journal s’est entretenu avec des victimes de ces fausses accusations, qui n’ont pratiquement aucun recours pour échapper aux séquelles de ces actes.
Le Journal s’est entretenu avec Marie-Ève, une jeune femme qui ne demeure à Joliette que depuis quelques années. Elle raconte qu’elle a été victime d’une fausse accusation de la part de son ex-conjoint et père de ses enfants. Marie-Ève possédait alors une garderie en milieu familial et son ex avait logé une plainte auprès des policiers, arguant que cette dernière démontrait des comportements violents à l’endroit des enfants. « Les policiers sont intervenus rapidement et devant des parents de la garderie, en moins d’une semaine, j’ai dû tout fermer et renoncer à tout ça », raconte-t-elle. La jeune femme a certes été en mesure de faire effacer toute juridique de cette accusation, mais la rumeur publique a eu raison d’elle. « Sur Facebook, j’étais la gardienne batteuse d’enfant », ajoute Marie-Ève, qui a préféré déménager loin de sa ville natale.
Tuer la rumeur publique
« C’est extrêmement difficile d’évaluer le nombre de fausses accusations que l’on peut retrouver », explique l’avocat Michel Leclerc. L’avocat raconte qu’effectivement, les fausses accusations laissent des séquelles juridiques dont il est difficile de se défaire. En fait, il précise que si, du point de vue administratif, on peut effacer les traces d’une telle accusation, il en est tout autrement en ce qui à trait à l’opinion public. « Tuer la rumeur publique est loin d’être évident pour ces personnes. » Il cite en exemple le cas d’un automobiliste de Lavaltrie qu’il a représenté lors d’une cause de rage au volant. Les malheureuses circonstances avaient fait en sorte que l’agresseur de ce dernier était décédé lors de l’agression. « Une reconstitution faite lors d’un reportage télévisé avait laissé planer que mon client était en fait l’agresseur dans cette affaire », souligne Me Leclerc. Il ajoute que ce dernier a vécu l’enfer durant plus de 13 mois, avant que l’enquête préliminaire et le juge ne déterminent les faits réels. « Entretemps, mon client a été accusé par la population d’être un assassin et sa famille en a payé le prix », poursuit l’avocat, qui ajoute que l’homme en question a été forcé au déménagement pour se soustraire au regard de la population.
Les cas les plus nombreux
L’avocat Michel Leclerc affirme que, tout au long de sa carrière, il a observé le plus de fausses accusations dans les cas d’agression sexuelle. Il tient toutefois à préciser que, loin de minimiser la gravité de ce type d’accusation, c’est plutôt sa nature qui la rend prône à des faussetés.
Il raconte avoir assisté à des procès où la plaignante se ravisait complètement lors du contre-interrogatoire, figeant après une question de l’avocat avant d’avouer que le tout était monté de toutes pièces. Me Leclerc raconte également un cas probant où une jeune fille plaidait que son moniteur dans une école équestre l’avait agressé sexuellement. Son témoignage avait été contredit par plusieurs de ses amies proches avant d’être carrément repoussé par le juge en fonction, qui expliquait ne pas croire la victime.
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