Elle remet en question son avenir

Par Louis-Antoine Lemire
Les conditions difficiles à l’école Simon P. Ottawa de Manawan, exaspère l’enseignante Estelle Côté, qui songe à quitter l’établissement si la situation ne se corrige pas rapidement.
« C’est très difficile d’enseigner dans ce contexte », reconnait Mme Côté, qui se demande pourquoi l’école n’est pas encore fermée vu l’état des lieux. Rappelons que l’établissement scolaire a été forcé de fermer ses portes aux enfants d’âge préscolaire et primaire pendant 24 jours cet automne en raison de la mauvaise qualité de l’air du bâtiment. De plus, des travailleurs ont découvert de la moisissure partout dans l’école en plus de quelques champignons. Cependant, la professeure de français, qui a décidé d’enseigner à Manawan après son passage dans une école de la Côte-Nord, admet qu’elle aurait l’impression d’abandonner une collectivité qu’elle considère très chaleureuse, si elle décide de plier bagage. « Les Attikameks m’ont toujours bien traitée. Je n’ai jamais été victime de racisme ou de préjugés », dit-elle.
Différence
Comme il n’y a pas de syndicat à l’école Simon P. Ottawa, Mme Côté à parfois l’impression que la direction prend certaines décisions, sans consulter le personnel enseignant. De plus, elle pense que le ministère de l’Éducation délaisse les communautés autochtones. « On fait partie du tiers monde de l’éducation », a souligné Mme Côté, qui fait référence aux locaux inappropriés de l’établissement et du manque de financement.« Ça fait pitié de garder du personnel dans de telles conditions », ajoute-t-elle.
Adaptation
De son côté, Diane Berthiaumme, qui enseigne à Manawan depuis 11 ans, mentionne qu’il y a un moment d’adaptation pour les enseignants québécois qui décident d’exercer leur profession dans une communauté autochtone.Elle affirme qu’elle était très stricte sur les devoirs auparavant. Toutefois, elle s’est aperçue que ce n’était pas tous les enfants qui pouvaient effectuer les tâches demandées. « Certaines maisons comptent 15 personnes sous un même toit. L’enfant n’a pas nécessairement l’espace ou le support nécessaire pour faire ses travaux », remarque- telle. De plus, elle ajoute que le français n’est pas leur langue maternelle, ce qui rend la communication entre les enseignants et les élèves plus difficile. Selon elle, lorsque tu fais répéter les élèves parce que tu n’as pas compris leur propos, ils seront gênés de s’exprimer en public par la suite.
Malgré tout, elle certifie que le milieu de travail est agréable et que les conditions d’emplois sont bonnes. « J’adore mon expérience à Manawan. Je ne changerais pas d’endroit pour tout l’or du monde », a-t-elle conclu.
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