Une hausse qui est contestée

Par Louis-Antoine Lemire
La hausse de 0,25 $ annoncée par la ministre du Travail, ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Agnès Maltais, qui fera passer le salaire minimum à 10,15 $ en mai prochain, est mal perçue par certains commerçants qui qualifient cette augmentation d’exagérée et de néfaste pour leur entreprise.
C’est l’avis de Junior Forest, propriétaire de l’épicerie Forest de Joliette, qui pense que cette hausse devrait s’appliquer uniquement pour les aidants naturels et n’ont pas aux étudiants et aux jeunes de moins de 18 ans. « C’est démesuré de payer des employés sans expérience qui nécessitent plus de supervision à 10, 15 $.» Même son de cloche du côté de la propriétaire du Dépanneurs Versailles de St-Paul, Michelle Champagne, qui mentionne que ce n’est jamais plaisant d’être forcée d’accorder une augmentation salariale à un employé qui n’en mérite pas nécessairement. De son côté, Martine Hébert, vice-présidente, Québec, de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, signale que la hausse du salaire minimum n’est pas une bonne nouvelle pour les petites entreprises, car cette augmentation est supérieure à l’inflation et créer une pression importante chez les petits commerçants. « Le commerçant doit payer les taxes sur la masse salariale. Cette hausse représente un montant de 600 $ pour eux », précise-t-elle. Également, cela engendre du stress supplémentaire au sein de l’entreprise considérant que les employés qui travaillent au-dessus du salaire minimum voudront aussi leur part du gâteau, selon elle. « Ça provoque des distordissions au sein de la compagnie lorsque l’employeur ne peut pas tenir compte de l’ancienneté », a expliqué Mme Hebert. Selon elle, le gouvernement fait fausse route en présentant cette mesure comme un moyen de lutte contre la pauvreté, car la personne qui voit son salaire augmenté paiera de l’impôt sur cette hausse salariale. « Il faut rehausser l’exemption personnelle de base si on veut vraiment aider les gens, car cet argent restera directement dans les poches du contribuable », a souligné Mme Hébert .
Insuffisant
Quant à elle, la préposée à l’entretien ménager, d’Action Dignité Lanaudière, Josée Rivest, considère que cette hausse n’est pas suffisante, car le coût de la vie augmente beaucoup plus rapidement que son salaire. « Je dois me priver quand je fais l’épicerie. À la fin du mois, il ne me reste que 5 $ », a souligné Mme Rivest. Elle considère qu’avec ce salaire, elle aura toujours de la difficulté à joindre les deux bouts. Selon elle, le salaire minimum devrait être fixé à 14 $, pour qu’elle puisse respirer un peu. La femme qui n’a personne à sa charge s’est dite préoccupée par le sort des mères monoparentales qui doivent survivre avec un tel salaire. « Ça doit être l’enfer pour elles. Je me demande comment elles font pour boucler leurs fins de mois », s’est-elle questionnée?