Les médicaments se font rares

Par Mathieu Ferland
À l’aube de la saison de la grippe et du temps des Fêtes, les pharmacies de la région ont à faire face à une pénurie de médicaments en vente libre. Plusieurs étagères sont vides, ce qui force les pharmaciens à diriger leur clientèle vers d’autres alternatives.
« C’est ingérable comme situation », déclare la pharmacienne de Notre-Dame-des-Prairies, Josée Marion. Cette dernière explique qu’une dizaine de produits sont en rupture d’inventaire, et ce, depuis plusieurs semaines. Pour certains de ces produits, elle n’est en possession d’aucune date de retour sur les tablettes. Même son de cloche à la pharmacie Proxim située sur le boulevard Industriel, à Saint-Paul, où la pharmacienne Julie Dufour explique que le personnel n’a d’autre choix que de suggérer des alternatives non pharmacologiques. « Nous y allons au cas par cas, mais nous ne pouvons faire autrement. » Elle ajoute également que le calendrier est encore plus défavorable, avec la saison de la grippe qui est à nos portes. «Si la pénurie s’était produite en été, nous ne ferions pas face à ce problème. »
Monnaie courante
Pour Jean-Philippe Trudeau, propriétaire de la pharmacie Accès Pharma du boulevard Firestone, à Joliette, ce genre de pénurie est malheureusement devenue monnaie courante au fil des années. « C’est devenu la norme on dirait de manquer de matériel chaque année. » Il souligne que cette situation engendre son lot de complications auprès de la clientèle, mais que cette dernière fait tout de même preuve de compréhension.
« On est pris en otage par des grosses compagnies qui ne pensent qu’à faire de l’argent », raconte une dame de Notre-Dame-des-Prairies qui a tenté en vain de se procurer de ces produits en rupture d’inventaire.
Peu de réponses
Jean-Philippe Trudeau explique que dans cette situation, les pharmaciens sont laissés dans l’ombre. « Les compagnies ne divulguent jamais les raisons de ces pénuries. »
La vice-présidente aux communications du Groupe Jean Coutu, Hélène Bisson, a confirmé la pénurie de certains produits délivrés par la compagnie Novartis, notamment les gammes Buckley et Robitussin. Cette pénurie touche l’ensemble du groupe Jean Coutu. «Normalement, les pharmaciens sont encouragés à aller vers des produits alternatifs, mais dans le cas qui nous concerne, il n’y en a pas », explique Mme Bisson, en ajoutant que les bannières québécoises étaient tributaires de ces fournisseurs. La situation est la même sous la bannière Proxim, alors que la porte-parole Danielle Dufour confirme la pénurie de plusieurs produits de la marque Buckley.
La porte-parole de Novartis a cependant déclaré que la situation était causée par des opérations de maintenance à son usine du Nebraska. Des opérations qui ont mené à une pénurie d’une dizaine de produits pour l’ensemble du Canada. Elle ajoute que la compagnie fait tout en son pouvoir afin de régler la situation le plus rapidement possible.
La loi du silence
« Les compagnie pharmaceutiques peuvent faire ce qu’elles veulent », a déclaré un pharmacien de la région qui a tenu à garder l’anonymat. Il explique que les pharmacies du Québec doivent composer avec des pénuries de médicaments en laboratoire depuis au moins trois ans, mais que la situation touchant les produits en vente libre ne date que de cette année. «Il n’y a aucune législation au Canada qui force les compagnies pharmaceutiques à expliquer pourquoi tel ou tel produit n’est plus disponible », ajoute ce dernier, qui dénonce le silence dans lequel son industrie est plongée.
Les produits en pénurie
Benefibre(R),
Excedrin(R),
Maalox(R),
NeoCitran(R),
Triaminic(R),
Slow Fe(R)
Buckley's(R)
Otrivin(R).
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.