De l'enfer de la drogue à thérapeute

Par Mathieu Ferland
Patrick Bussières aura eu besoin de se réveiller entre deux conteneurs à déchets pour prendre la plus importante décision de sa vie, celle de renoncer à l’alcool. Sobre depuis maintenant neuf ans, il est revenu du plus loin d’où un homme peut aller tout en restant en vie.
«J’étais sur une brosse de 11 jours quand j’ai touché le fond », raconte Patrick Bussières. L’homme se souvient qu’il est resté éveillé tout ce temps, alternant drogue et alcool. Au terme de cette descente aux enfers, il s’est réveillé, transi de froid, entre deux conteneurs à déchets derrière un restaurant de Montréal. «C’est là que j’ai décidé que c’était assez », raconte Patrick, qui est parti à pieds ramasser ses maigres possessions pour aller ensuite annoncer à la personne la plus importante à ses yeux qu’il s’en allait en thérapie. « Je suis allé voir mon fils à son école, pour lui dire que j’allais en thérapie et que je l’appellerais de là bas. »
Patrick Bussières a mis le cap sur le Centre Nouveau Regard, à Notre-Dame-de-Lourdes, où il est arrivé littéralement comme un mourant. « Le premier matin de la thérapie, ils m’ont demandé ce que j’étais prêt à faire pour m’en sortir, je leur ai répondu n’importe quoi, mais vraiment, n’importe quoi. »
Crack et rince-bouche
« Quand tu entres en thérapie, tu dois le faire pour toi, et pas pour les autres, pas pour ton emploi, mais bien parce que tu as reconnu que tu avais un problème», explique Patrick Bussières. Ce dernier confie qu’au summum de sa déchéance, il consommait régulièrement du crack et du rince-bouche. « Tout pour geler mes émotions. Quand j’avais simplement soif, j’allais boire. » C’est le centre Nouveau Regard qui l’a sauvé selon lui. « Ces gens-là ont cru en moi », ajoute Patrick, qui a pu revoir son fils sur une base régulière une fois en thérapie. Il insiste sur le fait qu’il avait tout perdu à cause de l’alcool, mais que la naissance de son fils, William, est toujours demeurée comme une lumière dans sa vie.
« Je suis fier de mon père »
William est venu vivre sur place avec son père, même quand ce dernier est devenu intervenant au centre. Il l’a vu franchir une à une les étapes, jusqu’à ce qu’il devienne intervenant. « Au début, je ne réalisais pas complètement la gravité de la situation de mon père», explique le jeune homme. Il raconte avoir été témoin de l’intégralité du combat qu’a mené et que mène encore aujourd’hui son père contre l’alcool. « Je suis fier de mon père », déclare l’adolescent, les larmes aux yeux, devant l’exploit accompli par son père.
Patrick Bussière fêtera en 2013 sa neuvième année de sobriété.
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