Cannabis inc.

Par Guillaume Valois
Le Journal de Joliette a rencontré trois mariculteurs lanaudois. Selon ces derniers, outre le caractère illégal de leurs activités, le marché du trafic de cannabis est une activité économique comme une autre qui leur permet de faire vivre leur famille.
Les trois mariculteurs rencontrés par le Journal de Joliette ne se perçoivent pas comme des criminels. Ces derniers racontent qu’ils fonctionnent en parallèle des groupes criminels. « On est comme des sous-traitants », explique un d’entre eux. Les trois hommes soutiennent que leurs activités illicites deviennent un complément à leurs emplois, ce qui permet de bien faire vivre leur famille. « Tout coûte de plus en plus cher, sans le pot je ne pourrais pas penser à envoyer mes enfants à l’université s’ils le veulent », estime l’un d’eux.
Les trois mariculteurs ont commencé à travailler dans le domaine entre 16 et 20 ans. Ils ont tout d’abord commencé comme simple employé avant de se lancer dans la production. « L’automne on se chargeait de préparer le pot pour la vente, l’hiver on travaillait nos installations intérieures pour les boutures, au printemps on travaillait sur les boutures, en mai et juin on plantait et en été on entretenait la production », renchéri le plus vieux des trois. Ce travail est rémunéré environ 20 $ de l’heure et il arrive aussi que les employés soient payés en cannabis.
Conscients que leurs activités contribuent à enrichir des groupes criminalisés sans scrupules, les trois hommes expliquent qu’ils ne font que tirer leur épingle du jeu dans une société où les inégalités et les injustices sont omniprésentes. « Il y a plein d’entreprises légales qui sont plus croches que nous autres», s’indigne l’un d’eux. Questionné sur leur démarche si la production de cannabis devenait légale, les mariculteurs expliquent qu’il n’y aurait pas beaucoup de changement pour eux. « Si la production de pot devenait légale demain matin je deviendrais un petit capitaliste comme les autres.»
Fait à noter que le Journal de Joliette a pris bien soin d’éviter d’écrire quoique ce soit qui permettrait de retracer les auteurs de ces témoignages.