Battu pendant 11 ans par sa conjointe

Par Mathieu Ferland
Une victime de violence conjugale s’est confiée au Journal, après plus d’une décennie à subir des sévices tant physiques que psychologiques. L’homme, qui a tenu à rester anonyme, dénonce le manque de ressource dans Lanaudière pour les hommes qui, comme lui, souffrent en silence.
La victime, que nous appellerons Marc, portait encore des traces évidentes de ses mauvais traitements au moment de se confier au Journal. Les premiers incidents sont survenus moins d’un an après le début de sa relation avec sa conjointe. « Au départ, ce n’était que des commentaires déplacés, des remarques blessantes que l’on met sur le dos de l’émotion », raconte Marc, avant d’ajouter que la violence physique est arrivée plus tard dans leur relation. « Au départ, tu ne sais pas comment réagir et porter plainte est carrément hors de question. » D’ailleurs, la seule et unique occasion où la police a été mêlée à la situation, c’était à lui que l’on faisait des reproches. « Les voisins avaient rapporté une dispute à la police, mais même si j’avais le visage presque en sang, c’était à moi que les policiers parlaient. »
Tout au long de sa relation avec son ex-conjointe, Marc a dû subir près d’une quinzaine de points de suture en plus de perdre une dent, sans compter les bleus et les bosses. «À la fin, tu ne peux tout simplement plus blâmer le chat pour toutes ces marques. » Encore aujourd’hui, l’entourage et la famille de la victime ignorent tout du calvaire qu’il a traversé.
Garder espoir
Lorsqu’interrogé sur la très longue durée de sa relation avec sa désormais ex-conjointe, Marc ne peut tout simplement pas cacher ses émotions. « On espère toujours que les bons moments vont finir par supplanter les mauvais. » Il avoue avoir cru si fort à ce principe qu’il a perdu un emploi et quitté un deuxième simplement pour plaire à sa conjointe. « C’est fou le genre de choses que tu peux faire pour faire plaisir à celle que tu aimes, surtout si tu as peur de son mauvais côté. » Pour Marc, la différence de stature était un argument de taille lorsque son ex-conjointe décidait de l’attaquer. « Tu finis par être convaincu que si tu répliques physiquement, tu es pire que la personne qui t’agresses. »
À ses yeux, il est clair que la société n’est pas encore prête à accepter le concept d’un homme victime de violence conjugale.
Une roue qui tourne
La victime a décidé de raconter le calvaire qu’il a vécu durant plus d’une décennie afin de sensibiliser les autres hommes qui se retrouvent dans la même situation. L’homme, aujourd’hui âgé de 32 ans, raconte qu’il a cherché de l’aide à plusieurs reprises au cours de cette très longue période, sans jamais pouvoir l’obtenir. « Ce n’est pas que les organismes ne veulent pas t’aider, mais on dirait que le système est uniquement pensé pour venir en aide aux femmes. » Alors qu’il existe une douzaine de centres et d’organismes dans la région disposés à venir en aide aux femmes victimes de violence conjugale, aucun d’entre eux ne possédait les outils pour lui venir correctement en aide. « On se sent comme un étranger, comme une anomalie de la société. » Il compare la situation à une roue qui tourne, et selon lui, s’il venait qu’à y avoir plus de victimes prêtes à sortir de l’ombre, le système n’aurait d’autre choix que de changer.
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