La sœur d’une victime d’un accident de la route causé par l’alcool au volant a livré un émouvant témoignage dans lequel elle souhaiterait voir les gouvernements appliquer la politique de tolérance zéro pour toute personne prenant le volant.

Marie-Lou Beaudry était dans la jeune vingtaine lorsque son frère Luc a été victime d’un conducteur ivre. Même après 30 ans, elle parle encore de ces événements avec beaucoup d’émotion. « Ma mère a appris le décès de son propre fils par les journaux » raconte Mme Beaudry, qui ajoute qu’ils étaient sans nouvelles de ce dernier après sa soirée de travail.

Mme Beaudry ajoute que lorsqu’il était clair que l’article du journal parlait bel et bien de son frère, elle a été convoquée chez ses parents. « C’était comme dans un cauchemar », raconte-t-elle, avec un sanglot dans la voix. « Même après 30 ans, c’est encore difficile à raconter. »

Tolérance 0 pour tout le monde

:L’application de la nouvelle formule tolérance zéro chez les conducteurs a réjoui Marie-Lou Beaudry, qui avoue qu’elle irait plus loin dans l’application de cette loi. « À mes yeux, ce devrait être tolérance zéro pour tout le monde qui prend le volant. » Elle poursuit en disant que lorsqu’il est question d’alcool au volant, il n’y a pas que les jeunes qui sont à blâmer. Elle cite en exemple les récidivistes qui en sont à leur 15e arrestation, « ceux-là n’ont pas moins de 21 ans. » Elle souligne par ailleurs qu’à l’époque, le conducteur responsable de la mort de son frère n’a eu comme sentence qu’une simple suspension de permis de conduire pour une durée de trois mois. « Je ne sais pas ce que les gouvernements doivent faire pour faire comprendre à ces gens-là que lorsqu’ils prennent le volant en état d’ébriété, ce n’est pas seulement avec leur vie qu’ils jouent, c’est avec celles des gens qu’ils peuvent croiser. » Luc Beaudry était marié, et père de trois enfants en bas âge.

Une réflexion

Trente ans après l’accident de son frère, Marie-Lou Beaudry avoue avoir pardonné au conducteur fautif. « J’ai pardonné à cet homme, mais je n’ai pas oublié, et je n’oublierai jamais. » Elle raconte que si elle venait qu’à croiser cet homme aujourd’hui, elle ne lui poserait qu’une question. « J’aimerais savoir si l’accident qui a tué mon frère l’a fait réfléchir, ou si cela n’a rien donné. » Elle espère de tout cœur que son témoignage saura faire réfléchir les gens qui prennent le volant en état d’ébriété. Ses enfants ont par ailleurs adopté la même approche face à l’alcool au volant. « Depuis qu’ils sont tout jeune que je leur répète que l’alcool au volant c’est non. » Mme Beaudry rapportait que son fils lui avait raconté avoir fait appel à Nez Rouge à quelques reprises. « Ça m’a profondément touché de voir que mes enfants ont compris toute la portée de ce geste. »

470 interventions

En 2010-11, la Sûreté du Québec a procédé à 470 interventions pour des cas de conduite avec les facultés affaiblies pour l’ensemble de la région de Lanaudière. Une augmentation de 38 cas en comparaison de la période 2009-10. En ce qui à trait à l’application de la politique de tolérance zéro auprès des conducteurs de moins de 21 ans, le sergent Martin Melançon a tenu à préciser qu’il n’y avait, au départ, que très peu d’arrestations de ce type dans la région, et que la mise en place de cette nouvelle loi n’avait pas encore été ressentie dans la région.