Le taux de suicide est en décroissance dans Lanaudière

Par Stéphane Fortier
Même si le Québec présente le taux de suicide le plus élevé au Canada, même si les statistiques démontrent que, chaque jour, trois Québécois s'enlèvent la vie, la situation dans la région de Lanaudière, elle, s'est considérablement améliorée depuis 10 ans.
En 2004, le nombre de victimes décédées dans un accident de la route au Québec s'élevait à 644, alors que le taux de suicide pour la même période était presque 2 fois plus élevé.
Plus près de nous, au début des années 2000, on dénombrait autour de 80 suicides dans une année et, en 2006, dans Lanaudière, ce sont 68 décès par suicide, dont une nette majorité d'hommes (51) que l'on enregistrait.
Plus de la moitié (62 %) étaient âgés entre 20 et 49 ans. Quinze pour cent (15 %) étaient âgés de 65 ans et plus. Soixante-quinze pour cent (75 %) des personnes décédées par suicide sont des hommes. Ce qui est toutefois effarant, c'est que dans Lanaudière, 3 000 personnes ont fait une tentative de suicide en 2006.
Le nord et le sud
En 2008, 59 suicides étaient enregistrés dans Lanaudière avec une proportion à peu près équivalente quant à ceux qui posent l'acte (75 % hommes et 25 % femmes). Les choses s'améliorent donc dans Lanaudière? «Les gens connaissent et détectent plus les signes précurseurs et même s'il reste encore beaucoup de travail à faire, particulièrement chez les hommes, il se fait plus de demandes d'aide», explique Éveline Laurin, coordonnatrice clinique au Centre de prévention du suicide de Lanaudière. Cela étant dit, le nord et le sud de Lanaudière vivent des réalités différentes.
«Dans la MRC des Moulins et L'Assomption, le taux de suicide est moins élevé», dit-elle tout en faisant remarquer que le travail de prévention du Centre de prévention du suicide a porté ses fruits. Comment expliquer ce phénomène? «Plus de permis de port d'arme dans le nord (territoire où la chasse est privilégiée, donc un plus grand accès aux armes à feu. L'accès aux services sociaux est un autre facteur. Et puis, plus un suivi effectué par un intervenant est rapide, moins il y a de chances de récidiver. Et il y a aussi le fait que la consommation d'alcool est plus importante notamment chez les Atikamekws de Manawan», explique Éveline Laurin.
Quand on pense aux victimes du suicide, on songe souvent aux jeunes et aux personnes âgées. «Le taux de suicide chez les jeunes de 15 à 19 ans a diminué et celui des personnes âgées est resté stable», note Mme Laurin. Mais même si on parle d'un taux stable chez les personnes âgées, la situation demeure tout de même inquiétante. «Les baby-boomers arrivent à un âge critique et cela nous préoccupe. Les personnes âgées ont moins tendance à demander de l'aide. On a tendance à banaliser la dépression chez nos aînés. On se dit que c'est normal qu'ils soient comme ça, ils ont hâte de mourir. La souffrance, ce n'est pas plus acceptable à 70 ans qu'à 20 ans», affirme-t-elle.
Éveline Laurin a tenu à faire remarquer une donnée qui se veut plutôt rassurante. «Sur 100 personnes, 99 peuvent penser au suicide, mais en bout de ligne, 98 vont mourir autrement que par le suicide», conclut-elle.
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