De plus en plus de travailleurs saisonniers

Par Lysane Sénécal Mastropaolo
L'année dernière, 82 nouvelles entreprises du Québec ont fait appel aux travailleurs saisonniers provenant de l'extérieur du pays. Il s'agit d'une augmentation de 11,7 % par rapport à l'année dernière. La plus grande en quinze ans. Le nombre de secteurs qui ont recours à ce type de main-d'œuvre est aussi en hausse et de plus en plus diversifiés.
Depuis 1989, la Fondation des entreprises en recrutement de main-d'œuvre agricole étrangère (FERME) s'occupe de faciliter les procédures pour faire venir des travailleurs saisonniers afin de palier à la pénurie de main-d'œuvre, principalement dans le domaine agricole.
Stéphane Wolfe, maraîcher à Saint-Jacques, affirme qu'il employait de la main-d'œuvre locale jusqu'en 2005. Année où il a perdu une partie de sa cueillette et devait travailler de longues journées pour arriver à sortir sa récolte. «Je pense qu'on est plus à l'heure de l'informatique, des travaux moins manuels. Les Québécois dans les champs au soleil, avec la pioche, ils semblent dire que c'est de l'esclavage», ajoute l'agriculteur. Ce dernier croit que les demandes du marché en termes de quantités exigées par les acheteurs ont contribué à détériorer les conditions de travail sur les fermes.
Juan José Perz Vasquez est Guatémaltèque. Il vient travailler au Québec depuis maintenant six ans. Les journées sont longues, selon lui, jusqu'à 12 ou parfois 13 heures de travail par jour. Les conditions sont difficiles, il doit travailler sous la pluie. «Nous le faisons par responsabilité envers le patron, par amour du travail et pour nos familles», explique M. Morales, tout de même satisfait de pouvoir voyager et voir du pays. Ces travailleurs contribuent aux différents régimes d'assurances offerts par le gouvernement et bénéficient des mêmes avantages qu'un travailleur du Québec.
Une tendance qui s'installe
Cette pénurie de main-d'œuvre criante se ferait surtout sentir au niveau des emplois à salaire minimum. Mathieu Forget, consultant au plan de développement local et régional et porte-parole de la FERME, assure que c'est l'abondance de choix des emplois faiblement rémunérés qui pousse les Québécois à délaisser les travaux plus difficiles et irréguliers. «Tu as le choix d'aller trier des déchets dans un centre de tri, ou d'aller travailler dans un commerce au détail pour le même prix», explique-t-il.
Avec 1 163 travailleurs saisonniers reçus en 2010, Lanaudière est une des régions qui accueillent le plus de travailleurs étrangers. Le Québec a accueilli 7 957 travailleurs pour l'année dernière. Presque 500 de plus que l'année d'avant. Le secteur maraîcher emploie 65 % de la main-d'œuvre saisonnière, les serres 10 % et les pépinières 7 %. De plus en plus de secteurs font appel à ce type de main-d'œuvre, plus constante que les travailleurs locaux. Les centres de tri, les clubs de golf et les buanderies commerciales sont de plus en plus aptes à démontrer les difficultés à embaucher localement. Le nombre d'offres d'emploi approuvées auprès du gouvernement pour recruter des travailleurs migrants a augmenté de 6,6 % de 2009 à 2010.
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