La veuve du conseiller Savignac a peur de « sauter »

Par Christian Chaloux et Serge Labrosse
EXCLUSIF - La mort du conseiller municipal Claude Savignac, le mois dernier, au moment même où plusieurs attentats étaient commis contre des officiers municipaux de Joliette, est nimbée de mystère. Et Francine Beaulieu, la veuve du politicien, refuse de parler publiquement des événements. Parce qu'elle a « peur », dit-elle.
« Si vous sortez des affaires sur moi, dit-elle, savez-vous ce qui va m'arriver? Je vais probablement sauter! » a-t-elle confié au Journal de Joliette, lundi soir, lorsque rencontrée chez elle.
La déclaration a de quoi surprendre, quand on sait que la police n'a retenu aucun soupçon pour expliquer le décès de M. Savignac autrement que par une cause naturelle, en lien avec des médicaments.
Une source proche du défunt, qui ne veut pas être identifiée, entretient néanmoins des doutes sur le caractère « naturel » du décès. Selon cette source, Claude Savignac avait une phobie et ne laissait jamais une porte déverrouillée. Jamais.
Or, sa femme et son fils, avec lesquels il s'était disputé ce soir-là, se sont absentés durant 90 minutes seulement, le soir fatidique. À leur retour, ils retrouvaient l'homme inerte. La porte du garage était grande ouverte et les étiquettes de ses flacons de médicaments étaient manquantes.
Aussi, la famille ne veut-elle pas croire au suicide ou à la mort naturelle. Mais la dépouille, déjà, a été incinérée.
Attaques répétées
Compte tenu des agressions survenues depuis l'automne, à l'égard de collègues de Claude Savignac, on peut comprendre le questionnement de la famille - qu'il soit fondé ou non.
En septembre dernier, en effet, deux incendies suspects se sont déclarés chez le maire de Joliette, René Laurin, en l'espace de 48 heures. Ensuite, le 6 décembre, le conseiller Alain Lozeau a été victime d'une agression nocturne en arrivant à sa résidence. Deux hommes se sont emparés de son porte-document après l'avoir roué de coups de poings. Il en a gardé un oeil au beurre noir. Le 26 avril, enfin, c'est au directeur général de la ville, Renald Gravel, qu'on s'attaquait, en faisant brûler son automobile.
Des « affaires croches »
La veuve de l'échevin Claude Savignac est formelle : « Je ne peux rien dire », dit-elle, si ce n'est quelques informations « que j'ai su ici et là, qu'il y aurait des affaires tout croche » dans le milieu municipal où oeuvrait son mari. Des affaires avec lesquelles « Claude n'était pas d'accord, je pense ».
Celle qui a vécu auprès de Claude Savignac durant les 20 années qu'il a passées au Conseil municipal n'a rien d'autre à livrer là-dessus. Elle ne sait rien, si ce n'est ceci : « Je me dis qu'il va sortir de quoi, ça n'a pas de sens ! Il y a quelqu'un qui ne fait pas sa job... »
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