Une SPCA qui sème la grogne

Par Mathieu Ferland
À peine élu depuis deux ans, le maire de St-Calixte est déjà dans l'eau chaude. Louis-Charles Thouin fait l'objet d'une plainte logée au ministère des Affaires municipales. La plainte concernerait une apparence de conflit d'intérêts impliquant la conjointe de Louis-Charles Thouin, maire de la municipalité.
L'implantation de la nouvelle SPCA sur le territoire de St-Calixte soulève plusieurs questions d'éthique concernant l'implication du maire. L'organisme sans but lucratif a bénéficié de deux subventions d'importance afin de voir le jour. Le conseil municipal de St-Calixte a offert 30 000 $ à l'organisme, alors que le Centre local de développement (CLD) de la MRC de Montcalm a contribué pour 130 000 $. Dans les deux cas, Louis-Charles Thouin a été impliqué dans le dossier, puisqu'il a fait partie du conseil d'administration de l'organisme entre février et mai 2010. Monsieur le maire souligne qu'il ne faisait pas encore partie du conseil d'administration du CLD lors du versement de la subvention, et qu'il ne faisait plus partie de celui de la SPCA au moment de l'implication municipale.
Louis-Charles Thouin n'est pas le seul à porter plusieurs chapeaux dans cette affaire. Le directeur général de St-Calixte, Denis Lemay, agit également comme conseiller pour la municipalité de St-Hippolyte, en plus d'avoir occupé le poste de directeur général à Ste-Marguerite du Lac Masson. Ces trois municipalités ont en commun de ne pas avoir renouvelé le contrat de contrôle canin qui appartenait à une entreprise privée. Elles sont les trois seules jusqu'à présent à avoir requis les services de ce nouveau joueur.
Aucun conflit d'intérêts
Le maire a offert le contrat de contrôle canin de sa municipalité, malgré le fait qu'il ait fait partie du conseil d'administration de l'OSBL, et que la directrice générale de la SPCA Lanaudière-Basse Laurentides est sa conjointe, Nathalie Duquette. Interrogé quant à la possibilité d'un conflit d'intérêts dans le dossier, le maire Thouin est catégorique : «absolument pas».
Le contrat avec la précédente entreprise de contrôle canin se terminait le 30 juin 2010. Il a par la suite été offert directement à la nouvelle entreprise, sans appel d'offres, ce qui n'est pas nécessaire lorsqu'il s'agit d'un organisme sans but lucratif. «C'est totalement légal, au niveau des municipalités de donner un contrat sans appel d'offres dans cette situation», souligne M. Thouin.
Les premières démarches qui ont mené à la création de la SPCA ont été entreprises par Bertrand de Pétigny et son épouse. M. de Pétigny ne fait plus partie de l'organisme. Il a été impossible de le rejoindre pour connaître les raisons de son départ d'un projet qu'il avait lui-même mis sur pied.
Triomphe avant l'ouverture
La nouvelle SPCA a suscité la grogne avant même son ouverture officielle. L'organisme sans but lucratif a remporté le prix du public du Concours québécois en entreprenariat, presque six mois avant son ouverture officielle. La SPCA a raflé le prix remis à l'entreprise ayant reçu le plus de votes de la part du public lanaudois, une enveloppe de 250 $ offerte à une entreprise qui n'existait pas encore. Rejoint à cet effet, Jean-François Dupuis, du Concours québécois en entreprenariat, a dissipé certains nuages entourant la situation. Selon lui, une entreprise est effectivement admissible aux concours, du moment où cette dernière voit le jour avant le 31 décembre suivant. Une condition à laquelle s'est pliée la SPCA.
Présent sur le conseil d'administration à ce moment, le maire de St-Calixte, Louis-Charles Thouin, explique que la décision de participer à ce concours découlait d'un désir de visibilité. «Nous voulions montrer aux gens qu'ils pourraient bénéficier d'une option autre que l'entreprise privée déjà en place pour subvenir à la sécurité de leurs animaux.»
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