Dix ans d'attente pour un rein

Par Mathieu Ferland
Il y a présentement 63 patients en attente d'une greffe d'organe sur le territoire lanaudois. Richard Hotte est un de ceux-là. Il attend la greffe d'un rein depuis plus d'une décennie et le temps presse.
Richard Hotte a débuté ses premiers traitements de dialyse en 2000. Il résume sa situation quotidienne en indiquant « qu'il ne vit plus, il survit ».
L'homme de 56 ans estime que les médecins l'ont trompé depuis longtemps en lui disant qu'il serait greffé rapidement. Son groupe sanguin était l'un des plus compatibles. «Je sens qu'on nous raconte des histoires!», indique-t-il. Une décennie plus tard, le résident de St-Damien se rend trois fois par semaine au Centre Hospitalier régional de Lanaudière (CHRDL) à Joliette pour y subir des traitements durant lesquels il peut mourir.
«Pour les sept à huit prochaines années, je suis en phase terminale», déclare Richard Hotte, qui ajoute que si la greffe ne survient pas dans les plus brefs délais, il pourrait bien ne plus être apte à la recevoir. «Je peux vous dire que je ne continuerai plus longtemps comme ça.»
Greffes avortées
À trois occasions durant les dernières années, Richard Hotte est passé près de recevoir le rein tant attendu. Une amie proche a voulu faire don de son organe. Les médecins ont révoqué la procédure sur la table d'opération lorsqu'ils ont constaté que les veines de la dame ne seraient pas compatibles avec celles du greffé. Ce geste l'a profondément touché, au point de retenir quelques larmes à la seule mention de ce souvenir.
Sa propre fille a également tenté sa chance, mais pour se faire, les spécialistes devaient lui ouvrir la cage thoracique pour extraire le rein. Une décision à laquelle s'est tout de suite opposé le père. «Je ne voulais pas voir souffrir ma fille de la sorte, il y avait trop de risques dans la situation.» Une troisième personne a été refusée par manque de compatibilité.
Toute personne vivante peut offrir un organe. Dans le cas de personnes décédées, c'est l'organisme Québec Transplant qui gère l'attribution aux patients en attente. Afin de sensibiliser les gens à signer leurs cartes soleil, Richard Hotte a simplement déclaré : «Un don d'organe, c'est quelqu'un qui vous offre une partie de sa vie pour que vous puissiez continuer la vôtre».
Quotidien éprouvant
«Tout ce qui est bon pour la santé d'un être normal ne peut être absorbé par un dialysé.» Avec son système urinaire hors d'usage, l'absorption de liquide doit être étroitement surveillée. Il ne peut boire que deux à trois litres de liquide entre chacune de ses dialyses, au risque de se noyer dans ses propres fluides. Les canicules le forcent à vivre reclus dans sa maison, protégé par son air frais. «On fait ce qu'on doit faire sinon c'est la mort qui nous attend», souligne celui qui doit vivre en attendant un éventuel appel lui signifiant qu'un rein l'attend, enfin.
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