Un accident est un accident

Par Lysane Sénécal-Mastropaolo
Les efforts de Muguette Marion afin que les jeunes devenus handicapés suite à la pratique d'un sport ou d'une chute aient droit aux indemnités gouvernementales au même titre que les accidentés de la route, du travail ou des victimes d'actes criminels, auront porté fruits puisque sa cause a traversé les portes des ministères et sera traitée par le gouvernement.
Mme Marion a reçu la confirmation du cabinet de Michelle Courchesne, chargée de la région de Lanaudière. Au ministère, on explique qu'une procuration est nécessaire afin d'envoyer le dossier au ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale. «Le gouvernement est sensible à la situation de Mme Marion, affirme la porte-parole de la ministre. Dès que le bureau de comté s'est saisi du dossier, nous avons pris les moyens nécessaires pour que le dossier suive son cours».
Mme Marion a souvent déploré la méconnaissance des dossiers par les élus et le roulement de personnel de leurs attachés politiques qui ralentissent les dossiers «Si c'était le fils de Véronique Cloutier, ce serait très médiatisé et ça bougerait. Quand c'est simplement le peuple, ils ne s'occupent pas de nous,»
Voilà bientôt huit ans que Mme Marion tente de faire reconnaître cette discrimination envers certaines formes d'handicapés. «Ça n'a pas toujours été facile, j'envoyais une lettre par mois, parfois je réitérais à la même personne. Il y a eu des moments de découragement, mais je crois très fort que les choses vont bouger maintenant». Sans toutefois se faire d'illusions, Mme Marion sait qu'une loi ne change pas du jour au lendemain.
Mère et aidante naturelle de son fils victime d'un accident de planche à neige lui causant un traumatisme crânien en 2001, et dont il garde encore aujourd'hui des séquelles handicapantes, la cause de Mme Marion a pris un nouveau souffle avec le lancement de la Fondation Martin Matte pour les traumatisés crâniens.
Nicole Desjardins, la mère de Martin Matte, a vécu une expérience similaire à celle de Muguette Marion. Elle s'est récemment saisi du dossier et s'est engagée personnellement à le déposer sur le bureau de Mme Courchesne.
Muguette Marion continue de s'impliquer pour la cause des traumatisés crâniens et tente d'offrir l'aide à laquelle elle n'a pas eu droit. Grâce à la Fondation Martin Matte, la maison de répit pour handicapés de Joliette, la Maison Clémentine, offrira sous peu des services spécialisés pour les traumatisés crâniens : «Nous n'avons pas encore déterminé tous nos buts, mais on prépare un service personnalisé pour les traumatisés et leurs proches».
Malgré les appels répétés du gouvernement pour inciter les jeunes à faire du sport, rien n'est prévu dans la loi pour indemniser ces jeunes en cas d'accident ou de chute. C'est qu'il faut cotiser au moins deux ans au Régime des Rentes du Québec pour avoir droit à la rente d'invalidité. Autrement, l'Aide sociale, avec toutes les contraintes inhérentes à ces prestations, est leur dernier recours, à vie. Chez les enfants québécois, les chutes et les accidents de sport ou de loisir sont les plus grandes causes de traumatismes crâniens avec respectivement 35 % et 29 %, selon les chiffres du Regroupement des Associations de personnes traumatisées du Québec (RAPTCCQ).
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