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Interdit de donner des oeufs

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16 décembre 2010
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Par Dany Doucet\Agence QMI

Une ferme avicole de la région de Lanaudière, qui donne depuis dix ans une partie de ses oeufs à des organismes de charité locaux, est maintenant menacée de représailles par le ministère de l'Agriculture et la Fédération des producteurs d'oeufs.

«C'est renversant !», lance Danielle Landreville, 52 ans, propriétaire depuis 30 ans d'une ferme de 36 poules qui produit des oeufs de fécondation, à Sainte-Mélanie, près de Joliette.

Les oeufs fertilisés de ce poulailler sont destinés à des couvoirs qui élèvent des poulets pour consommation.

Toutefois, ces couvoirs ne veulent pas des oeufs trop petits (qui donnent de trop petits poussins), ni trop gros (qui comptent deux jaunes) ni ceux qui sont légèrement fêlés.

Ce sont ceux-là que la ferme de Danielle Landreville donne à trois organismes de charité depuis dix ans, ce qui agace profondément la Fédération des producteurs d'oeufs de consommation du Québec, un des plus puissants syndicats agricoles de la province, de même que le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ).

Visite surprise

Des inspecteurs des deux organismes sont d'ailleurs arrivés ensemble, dans le même véhicule, sans rendez-vous, à la ferme de Mme Landreville, en avril dernier.

Après qu 'ils eurent posé leurs questions, Mme Landreville a eu droit à un avis écrit pouvant lui valoir une amende de 2 250 $ si elle continue à donner ses oeufs à des comptoirs alimentaires de sa région (La Manne quotidienne, La Soupière), ainsi qu'aux Chevaliers de Colomb, qui donnent une douzaine d'oeufs dans leurs paniers de Noël.

Le ministère reconnaît que la ferme a le droit de vendre ses oeufs au détail, à des particuliers, sur place, mais qu'elle ne peut ni les vendre, ni les donner en vrac pour consommation par des tiers.

Pour sa part, la Fédération des producteurs d'oeufs, un syndicat qui a le monopole de la commercialisation des oeufs au Québec, soutient que les oeufs fertilisés doivent lui être vendus pour qu'ils soient décoquillés, pasteurisés et revendus pour consommation sous forme liquide.

Question de biosécurité

Par contre, Danielle Landreville, qui n'a jamais connu de maladie dans ses poulaillers depuis 29 ans, ne veut pas que des camions circulant de ferme en ferme, comme ceux qui ramassent les œufs aux fins de décoquillement, s'arrêtent chez elle.

Même les organismes à qui elle donne ses œufs doivent se soumettre à un protocole strict en pénétrant sur sa ferme.

«C'est une question de biosécurité, dit-elle. J'aime mieux donner mes oeufs que de prendre un risque pour de l'argent.

«L'autre option que j'ai, dit-elle, c'est de les jeter, ce qui serait ridicule étant donné toute la pauvreté et les besoins des œuvres de charité dans notre région.»

La Fédération des producteurs d'œufs rejette cet argument.

«Côté biodiversité, je ne comprends pas pourquoi nos normes ne font pas l'affaire», note Philippe Olivier, porte-parole de la Fédération, ajoutant que celles-ci ont fait leurs preuves comme étant les meilleures au monde.

Pourquoi alors intervenir dans un échange de bons services qui fonctionne avec succès depuis 10 ans, qui fait l'affaire des plus démunis ?

C'est parce que cet échange vient d'être découvert, répond M. Olivier, et «qu'il faut respecter les règlements.»

«Ce n'est pas parce que ça fait dix que ça dure que c'est correct», dit-il.

Le porte-parole du MAPAQ, Clément Falardeau, n'a pas retourné les appels du Journal, hier.

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Un million d'oeufs par année

La Fédération des producteurs d'œufs de consommation du Québec a tenu à rappeler à la population qu'elle donne chaque année plus d'un million d'œufs et que d'aucune façon elle ne veut nuire aux organismes de charité en réprimandant une ferme avicole de Lanaudière.

Réagissant à une enquête du Journal de Montréal publiée mercredi, la Fédération a voulu expliquer par voie de communiqué les raisons pour lesquelles elle a demandé à Danielle Landreville de cesser de donner ses œufs à des œuvres de charité.

«En aucun temps la Fédération n'a souhaité priver quelconque organisme de dons. Les producteurs d'œufs de consommation du Québec donnent chaque année plus d'un million d'œufs à divers organismes, en plus de s'impliquer auprès de trois causes sociales majeures : la Fondation OLO, le Club des petits déjeuners et LEUCAN», a indiqué le président de la Fédération, Serge Lefebvre.

Depuis dix ans, la productrice d'œuf d'incubation Danielle Landreville donne des centaines de caisses d'œufs par années à trois organismes locaux. Elle leur fait parvenir les œufs - normalement destinés à des couvoirs - qui ne rencontre pas les normes de dimension établies pour ses clients. La Fédération - un puissant syndicat - lui a signifié qu'elle devait cesser de faire des dons et exige que la productrice lui vende ces œufs, pour qu'ils soient décoquillés, pasteurisés et revendus pour consommation sous forme liquide.

«Depuis plusieurs mois, la Fédération tente de trouver des solutions en collaboration avec les principaux intéressés, afin de s'assurer que les organismes sociaux ne soient pas pénalisés et puissent recevoir des œufs qui rencontrent les normes de salubrité et règlements établis», a ajouté M. Lefebvre.

Les règles auxquelles doit se soumettre Mme Landreville ont été mises en place pour des raisons de sécurité alimentaire, peut-on lire dans le communiqué. À ne pas confondre avec les œufs destinés à la consommation, les œufs d'incubation sont fertilisés et doivent servir à la naissance de poussins. Pour être consommés en tant que tels, ils doivent être pasteurisés et vendus sous forme liquide.

Le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec appuie la Fédération dans ce dossier.

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Danielle Landreville est productrice agricole depuis 30 ans et, jusqu'à récemment, donnait ses oeufs sans problème depuis 10 ans.

© Martin Chevalier/Agence QMI

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