L'ambassadeur des É.-U. minimise les craintes d'ingérence américaine au Canada
Par La Presse Canadienne
L'ambassadeur américain au Canada, Pete Hoekstra, tente de calmer les inquiétudes sur la nouvelle stratégie de sécurité nationale des États-Unis, qui pourrait conduire son gouvernement à soutenir des partis politiques au Canada.
La stratégie de sécurité nationale stipule que le gouvernement américain «récompensera et encouragera» les gouvernements, les partis politiques et les mouvements «largement alignés» sur ses principes et sa stratégie.
Dans une longue entrevue de fin d'année accordée à La Presse Canadienne, le représentant de Donald Trump au Canada a affirmé que le libellé du document sur la sécurité nationale pouvait être interprété «de manière large».
«Attendons de voir comment ça va se passer, d'accord? a soutenu M. Hoekstra. Cela peut être interprété de différentes manières.»
Mais si M. Hoekstra n'entrevoit pas d'implication des États-Unis dans la politique canadienne, il accuse l'Ontario de l'avoir fait lorsque la province a diffusé une publicité sur les chaînes de télévision américaines citant l'ancien président Ronald Reagan s'opposant aux droits de douane.
«Je ne me souviens pas que beaucoup de Canadiens se soient inquiétés de l'engagement politique du gouvernement canadien dans la politique américaine», a-t-il déclaré, après avoir décrit la campagne publicitaire automnale de l'Ontario comme une «intervention politique spécifiquement ciblée contre le président».
Mais d'anciens diplomates avertissent que la nouvelle stratégie pourrait servir de modèle à une ingérence américaine dans les affaires intérieures du Canada.
Bob Rae, ancien ambassadeur du Canada auprès des Nations unies, a écrit dans Policy Magazine que le Canada avait été «averti que le gouvernement américain actuel soutiendrait activement les partis et mouvements politiques du pays qui s'alignent sur les politiques de Trump».
L'ancien diplomate canadien Artur Wilczynski a qualifié le document de «profondément problématique» et a déclaré qu'il pourrait signaler le soutien des États-Unis à des acteurs alignés sur le mouvement MAGA ou «ouvertement hostiles au Canada». Il a relevé que l'ambassadeur américain n'avait pas clairement indiqué que les États-Unis ne s'ingéreraient jamais.
Il a indiqué que la formulation du document sur la sécurité nationale suggère que les États-Unis envisageraient «d'utiliser divers instruments commerciaux de leur appareil de sécurité nationale au sens large pour atteindre leurs objectifs dans l'hémisphère».
«Cela peut se manifester de nombreuses façons», a expliqué M. Wilczynski, ajoutant que cela pourrait aller de la remise en cause du système d'immigration et d'accueil des réfugiés du Canada à l'aide aux mouvements séparatistes et aux groupes qui soutiennent l'objectif de M. Trump de faire du Canada le 51e État américain.
«Ils tireront parti de tous les outils dont ils disposent, qu'il s'agisse de financement, que ce soit ouvert ou secret. Ils laissent clairement entendre qu'ils le feront», a-t-il déclaré.
Mais M. Hoekstra a insisté sur le fait que les relations entre le Canada et les États-Unis ont tourné la page sur l'idée de M. Trump de faire du Canada le 51e État et que les dirigeants des deux pays ont «dépassé cela».
«Le président et le premier ministre semblent être passés à autre chose, a soutenu M. Hoekstra. Ils en plaisantent désormais.»
L'ambassadeur a évoqué une réunion qui s'est tenue en octobre en Égypte, au cours de laquelle M. Trump a accidentellement appelé M. Carney «président». Le premier ministre a rétorqué: «je suis heureux que vous m'ayez promu au rang de président», et le dirigeant américain a répondu: «au moins, je n'ai pas dit gouverneur».
Kyle Duggan, La Presse Canadienne
