Trois livres publiés en un an pour Donald Alarie - Entrevue avec l'auteur
Par Héloïse La Rue
Après un essai et un roman en 2010, vous publiez cette fois un recueil de poèmes en prose. Est-ce que ces trois œuvres possèdent une source d'inspiration commune?
Je crois que ce qu'il y a de commun à ces trois livres, par ailleurs très différents l'un de l'autre, c'est le type d'écriture qui est le mien : une écriture dépouillée, qui s'intéresse beaucoup au quotidien. Depuis plusieurs années, ma source d'inspiration est la vie de tous les jours, la vie de ceux qu'on nomme «les gens ordinaires». Bien vivre le quotidien est déjà une aventure. Par contre, dans l'essai Comme on joue du piano, je parle directement de moi et de mon travail littéraire.
Vous êtes à la fois romancier, poète, essayiste et nouvelliste, quel rapport entretenez-vous entre les différents styles littéraires?
J'aime bien passer d'un genre à l'autre. Cela permet d'envisager les choses d'une manière différente. Le roman implique un travail de longue haleine. La nouvelle permet de s'arrêter sur un moment d'une vie. Le poème est le lieu par excellence de la connotation. Selon les périodes de ma vie, je suis porté vers un genre ou vers un autre.
Retraité du Cégep de Joliette, où vous avez fait carrière comme professeur de littérature, quel rôle a joué l'enseignement dans votre parcours?
Un rôle très important. Quand j'étais enseignant, je me définissais d'ailleurs comme un enseignant qui écrivait. J'écrivais alors durant les vacances ou lors de congés à mes frais. L'enseignement m'a permis d'entrer en contact avec des centaines de personnes, ce qui a été une grande source d'enrichissement. Cela m'a aussi permis de développer des aspects de ma personnalité qui seraient peut-être demeurés autrement en veilleuse.
Vous avez enseigné la littérature pendant 27 ans. Selon vous, y a-t-il une œuvre littéraire que chacun gagnerait à avoir dans sa bibliothèque ou un livre qui vous a particulièrement marqué?
Le livre qui m'a le plus marqué, sans doute parce que je l'ai lu à la fin de l'adolescence, est La confusion des sentiments de Stefan Zweig. J'ajoute quelques noms d'auteurs contemporains auxquels je reviens toujours avec grand bonheur : Jacques Poulin, Patrick Modiano, Paul Auster, Andreï Makine, Anne Hébert...
Le chroniqueur Louis Cornellier, qui est aussi l'un de vos anciens étudiants, disait trouver plusieurs similitudes entre le lieu où se déroule votre dernier roman et la Ville de Joliette. Quel rôle joue votre environnement dans votre processus de création?
Un rôle de plus en plus important. Mes derniers livres (David et les autres, Au jour le jour, Au café ou ailleurs et Thomas est de retour) se déroulent en effet dans une petite ville de province qui ressemble à Joliette. Certaines nouvelles (ex: Vol à main armée) m'ont été directement inspirées par le centre-ville de Joliette. Le texte trouve souvent son point de départ dans le décor.
Vous avez publié une vingtaine de titres à ce jour, lequel conseilleriez-vous à un lecteur qui souhaite s'initier à votre œuvre et pourquoi?
Question très embêtante. C'est comme si vous me demandiez lequel de mes enfants ou de mes petits-enfants représente le mieux ma famille... Je risque tout de même un titre : Thomas est de retour, un de mes plus récents livres, qui tout en abordant des thèmes qui me sont chers, me semble plus susceptible de rejoindre un large public.
Travaillez-vous actuellement sur de nouvelles œuvres?
Je retravaille un roman que j'ai écrit l'hiver dernier et qui est le prolongement de Thomas est de retour publié il y a environ neuf mois.
Votre nouveau recueil de poésie aborde entre autres les thèmes de la révolte, de l'espoir et de la fragilité. Est-ce qu'à un second degré, on retrouve des causes ou des enjeux qui vous sont chers derrière les émotions exprimées dans vos poèmes?
Je crois que publier est en soi une forme d'engagement. Il n'y a pas dans mes livres de grands thèmes politiques, mais quelqu'un qui lira ces poèmes avec attention verra que le thème du vieillissement y est bien présent avec tout ce que cela implique. Et nous vivons dans une société vieillissante...
Pour finir, vous avez voulu rendre hommage à quatre poètes québécois dans votre recueil de poésie. Comment décririez-vous en quelques mots la littérature québécoise et êtes-vous, comme l'un de vos éditeurs, Victor-Lévy Beaulieu, préoccupé par la relève en littérature?
J'ai lu beaucoup de littérature québécoise depuis environ quarante ans. Je trouve la littérature actuelle intéressante et diversifiée. Je ne m'inquiète pas pour son avenir. La relève, en roman et en poésie, est là. Il ne faut que lui donner la chance de s'exprimer pleinement.
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