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En pleine grève

La fin de Poste Canada est-elle proche ?

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26 novembre 2024
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Germain Chartier
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Par Germain Chartier, Journaliste

La population a-t-elle encore besoin de Postes Canada ? L'entreprise peut-elle survivre à des pertes financières record, comme les 748 millions de dollars enregistrés en 2023 ? Le service postal canadien se trouve-t-il à un tournant historique où il devra réinventer son modèle économique pour continuer à exister ?

Ces interrogations, issues des constats alarmants du dernier rapport financier, mettent en lumière l’urgence d’une réflexion nationale sur l’avenir de cette institution essentielle, mais en péril. 

En effet, d'après le dernier rapport financier annuel, Postes Canada a enregistré une perte avant impôt de 748 millions de dollars en 2023, en augmentation par rapport aux 548 millions de 2022. L’entreprise, qui fonctionne sans subvention publique, dépend entièrement des revenus générés par ses services pour couvrir ses coûts. La baisse constante du volume de courrier, ajoutée à une forte concurrence dans le secteur de la livraison de colis, augmente chaque année les pertes financières de l’entreprise.

En quelques chiffres, le volume de lettres livrées est passé de 5,5 milliards en 2006 à 2,2 milliards en 2023, alors que le nombre d’adresses desservies augmente constamment (de 14,3 millions en 2006 à 17,4 millions en 2023). 

Représentant près de 68 000 employés, le syndicat souligne, de son côté, l’importance d’augmentations salariales significatives pour compenser l’inflation et valoriser le travail des employés. Cependant, accorder de telles hausses pourrait aggraver la situation financière déjà critique.

Selon les prévisions internes, Postes Canada ne serait plus en mesure de couvrir ses besoins en trésorerie dès 2025, sans refinancements ou nouveaux emprunts. L’entreprise prévoit d’ailleurs un besoin annuel d’au moins 1 milliard de dollars à partir de 2026 pour maintenir ses opérations.

Des changements d'habitudes à prendre en compte

Le commerce électronique, qui représentait une opportunité de croissance, est devenu un terrain de bataille. Postes Canada a vu sa part du marché des colis chuter de 62 % en 2019 à 29 % en 2023, dépassée par des transporteurs privés, capables de proposer des services flexibles à des prix inférieurs. Toujours selon le rapport, bien que les revenus liés aux colis aient augmenté, les marges restent faibles en raison des coûts élevés de traitement et de livraison.

« Notre modèle actuel n’est plus viable dans sa forme actuelle, et des changements fondamentaux sont nécessaires », a même déclaré Doug Ettinger, président-directeur général de Postes Canada, dans ce rapport.

Cette situation place le gouvernement et les Canadiens face à un choix difficile : repenser le modèle économique de Postes Canada ou accepter une réduction des services, notamment dans les zones rurales et éloignées. Ces dernières, où l’entreprise joue un rôle crucial, pourraient être les premières touchées en cas de nouvelles coupes budgétaires.

Les discussions sur l’avenir de Postes Canada impliquent également un débat sur son statut de service public. Faut-il envisager une intervention gouvernementale pour subventionner ses activités ou réformer la réglementation pour permettre des hausses tarifaires significatives ?

Une grève au cœur des défis

Pour rappel, le syndicat réclame des augmentations salariales totalisant 22 % sur quatre ans (9 % pour la première année, suivis de 5 %, 4 % et 4 %), selon les dernières demandes, alors que la direction propose une hausse limitée à 11,97 % sur la même période. Dans un contexte de pertes financières record, ces revendications posent la question de la pérennité du modèle économique de Postes Canada.

Pour les employés, les enjeux sont tout aussi importants. « Nous ne demandons pas des augmentations irréalistes, mais un ajustement équitable face au coût de la vie et à notre rôle dans la continuité du service postal », a souligné un représentant syndical. Mais pour la direction, ces demandes pourraient compromettre davantage l’équilibre financier, alors que l’entreprise doit déjà gérer un endettement de 1 milliard de dollars, dont 500 millions sont à refinancer dès 2025.

Cette grève illustre les défis d’un service postal à la croisée des chemins, coincé entre des attentes salariales et des contraintes financières. Si aucun compromis n’est trouvé, les Canadiens pourraient voir se dégrader un peu plus un service essentiel, conçu pour relier chaque coin du pays.

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