Un itinérant se raconte

Par Mathieu Ferland
C’est à la suite du décès de sa femme et de son enfant que Yves a définitivement tourné le dos à la société. L’homme d’une soixantaine d’années a quitté son foyer pour vivre dans la rue et sur les nombreuses routes du Québec, une situation qui dure depuis, selon lui, plus de 25 ans.
L’homme raconte qu’à la suite du décès de sa conjointe et de son enfant, il a décidé de tout quitter. Il a laissé son appartement de Trois-Rivières, vendu ou donner ses possessions avant de prendre la route avec un sac à dos et quelques effets. « Je me suis rendu jusque dans le Vermont, à pied et sur le pouce avant de revenir au Québec ». Depuis, il ne cesse de voyager, ne demeurant tout au plus que deux ou trois jours dans la même ville, affrontant les intempéries et les préjugés. « Aux yeux du monde, si tu es un itinérant, tu es sois un drogué ou un malade mental », déplore Yves, qui jure ne jamais toucher à la drogue et rarement à l’alcool. Il ajoute également être très au fait que son apparence dépenaillée n’attire pas la sympathie des gens au premier regard.
Interrogé quant à ce choix de vie, Yves explique que le décès de sa femme et de son enfant représente tout simplement la fin de sa vie. « J’avais le choix entre me tuer ou m’en aller, j’ai fait mon choix. »
Affronter l’hiver
À l’approche de la saison froide, l’itinérant croisé sur la place Bourget, à Joliette, explique qu’il s’agit toujours de la période la plus difficile pour les gens de la rue. Selon lui, la saison estivale ne représente que quelques désagréments faciles à contourner, contrairement à l’hiver. « Le pire l’été, c’est la pluie, mais la pluie ne te tuera pas si tu ne t’en protèges pas bien, contrairement à un -35 l’hiver. » Les refuges pour des gens dans sa condition sont parfois plus rares selon les régions où il se trouve, mais il soutient qu’il réussit toujours à se débrouiller. « C’est clair que quand tu es dans la rue, tu n’as pas hâte de voir l’hiver arriver. »
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www.lejournaldejoliette.ca/2013/11/13/les-organismes-craignent-larrivee-de-lhiver
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