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Nouvelle étude

Aînés et chaleur: les ventilateurs sont presque toujours de mise au Québec

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29 juillet 2025
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Par La Presse Canadienne

Les ventilateurs sont pratiquement toujours de mise pour rafraîchir les aînés du Québec en période de grande chaleur, conclut une étude récemment publiée par un chercheur montréalais.

Il s'agit de la deuxième phase d'une étude dont les premiers résultats avaient démontré, en novembre dernier, que le recours à un ventilateur réduisait le travail cardiaque lors d'une exposition à une chaleur de 38 degrés Celsius avec 60 % d'humidité.

«L'objectif global du projet est d'identifier des stratégies qui sont simples pour réduire les réponses physiologiques du corps humain lors de l'exposition à la chaleur», a résumé l'auteur de l'étude, Daniel Gagnon, qui est professeur à l’École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique de l’Université de Montréal et chercheur régulier à l'Institut de cardiologie de Montréal.

Aux États-Unis, les très influents Centers for Disease Control and Prevention déconseillent l’usage des ventilateurs à des températures dépassant 32 degrés par crainte d’une surchauffe corporelle.

Le professeur Gagnon et ses collègues, notamment à l'Université de Sydney en Australie, en arrivent toutefois à des conclusions différentes après avoir étudié une soixantaine de sujets âgés en moyenne de 70 ans et dont la moitié présentait une maladie cardiaque. Cela leur a permis de constater qu’en cas de chaleur humide atteignant jusqu’à 38 degrés, l’utilisation du ventilateur est bénéfique, car elle permet de réduire à la fois la température corporelle et le travail cardiaque chez les personnes âgées.

L'usage du ventilateur est déconseillé aux personnes âgées en cas de chaleur sèche supérieure à 42 degrés, puisqu'il augmente significativement la température corporelle ainsi que le travail cardiaque. Dans ces conditions, il serait préférable d’opter pour la vaporisation d’eau sur la peau, une méthode qui contribue à diminuer le stress cardiaque.

Dans une perspective québécoise et probablement canadienne où les températures dépassent rarement les 38 degrés, les auteurs de l'étude estiment donc que l’usage du ventilateur est presque toujours recommandé.

«Dans des conditions de chaleur très intense et sèche, l'utilisation d'un ventilateur a aggravé tous les résultats et devrait être déconseillée dans ces conditions, écrivent-ils ainsi dans le journal médical JAMA Network Open. L'humidification de la peau a réduit la transpiration et amélioré les perceptions dans les deux conditions de chaleur et pourrait être recommandée pour minimiser le risque de déshydratation.»

Lors d'une chaleur de 38 degrés avec 60 % d'humidité, a dit M. Gagnon, l'utilisation du ventilateur diminue un peu l'augmentation de la température interne, même si en revanche elle augmentait «un tout petit peu» la production de sueur.

La vaporisation d'eau sur la peau, lors du recours au ventilateur à ce moment, n'a eu aucun impact sur la température corporelle interne, mais a réduit la production de sueur.

Toutefois, lors de conditions très chaudes et sèches de 45 degrés et 15 % d'humidité, «le ventilateur était vraiment mauvais, donc dangereux, parce que ça augmentait davantage la température interne, ça augmentait davantage la production de sueur et les gens se sentaient moins bien», a souligné M. Gagnon.

«Le message simple à retenir, c'est essentiellement que jusqu'à 38 degrés, le ventilateur va être efficace pour réduire nos réponses physiologiques lorsqu'il fait chaud, a-t-il dit. Et probablement qu'à 42 degrés et plus, c'est là que le ventilateur empire les choses.»

Au Québec, et de manière plus générale en Amérique du Nord, les températures chaudes avoisinent habituellement la trentaine de degrés Celsius, a rappelé le professeur Gagnon, et sont accompagnées d'une humidité qui va de modérée à élevée.

Un mercure de 40 ou même 50 degrés Celsius et une faible humidité sont davantage la réalité ailleurs dans le monde, a-t-il ajouté.

«Donc, au Québec, pour les conditions caniculaires qu'on vit ici, le ventilateur va presque toujours être efficace», a indiqué M. Gagnon.

Et même si le thermomètre à l'extérieur franchit la barre des 40 degrés, poursuit-il, cela ne veut pas pour autant dire que le ventilateur n'est plus efficace, puisque l'important est la température à l'intérieur du domicile. Il suffit donc qu'il fasse quelques degrés de moins à l'intérieur pour qu'on puisse avoir recours au ventilateur pour se rafraîchir.

Cela correspond essentiellement aux récentes recommandations de l'Organisation mondiale de la santé, a dit M. Gagnon, «qui suggèrent que le ventilateur peut être efficace jusqu'à 38 degrés, voire 40 degrés».

«On apporte un peu plus de clarté que (le ventilateur) peut être efficace au-delà de 32 degrés Celsius», a-t-il indiqué.

En vieillissant, a-t-il rappelé, il a été démontré en laboratoire que le corps perd un peu de sa capacité à se rafraîchir en produisant de la sueur, «donc le corps subit un peu plus de stress physiologique, si je peux le vulgariser ainsi».

Le corps d'un jeune sportif en très bonne forme est «résilient», a poursuivi le chercheur, «le corps va transpirer, la fréquence cardiaque va augmenter, et puis c'est peut-être inconfortable, mais c'est sans conséquence pour la santé».

Mais à l'autre extrême, dans le cas d'une personne âgée dont l'état de santé est un peu plus fragile, «peut-être que la réponse physiologique ne sera pas très forte», a dit M. Gagnon.

«C'est peut-être la goutte qui va faire déborder le vase, a-t-il prévenu. Si le cœur est déjà affaibli, peut-être que de devoir travailler plus fort (en réponse à la chaleur) pourrait mener à une crise cardiaque. Si les reins sont affaiblis ou s'il y a une maladie rénale, le fait de transpirer et d'être potentiellement déshydraté (pourrait mener) à des lésions rénales aiguës.»

Au-delà des bienfaits pour la santé, a dit M. Gagnon, la nouvelle étude pourrait permettre aux aînés qui ont accès à la climatisation de réaliser des économies en augmentant un peu la température de leur climatiseur et en ayant recours à un ventilateur pour finir de se rafraîchir.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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