Controverses sur l'eau et le tourisme et soutien de la Chambre de commerce à NMG
Projet minier: le bureau d'audiences publiques rend une partie de ses analyses
Par Salle des nouvelles
Plus de 250 citoyens, villégiateurs et organismes ont participé la semaine dernière à la première partie du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sur le controversé projet minier de Nouveau Monde Graphite (NMG) à Saint-Michel-des-Saints, dans Lanaudière.
« Après trois jours de questionnement du BAPE, nous ne sommes pas rassurés face aux risques majeurs que pose le projet pour l’eau et l’environnement, piliers de notre économie touristique. Beaucoup de questions demeurent sans réponse », affirme Gilles Cartier, président de l’Association pour la protection du Lac Taureau (APLT).
La villégiature et le tourisme : 300 millions de retombées
Alors que la minière tente de vendre le graphite comme essentiel à « l’économie verte », d'autres y voient plutôt une menace à l’économie touristique qui représente plus de 300 millions et 3000 emplois directs dans la région.
Le pôle du Lac Taureau et de Saint-Michel-des-Saints représente à lui-seul plus de 15 millions de retombées et 300 emplois directs. Près de 55% de la valeur foncière locale (201 millions) est attribuable à la villégiature. May Dagher de la Coalition des opposants à un projet minier en Haute-Matawinie (COPH) : « Le tourisme et la villégiature sont des économies locales majeures et durables. Dans un contexte du plein emploi et de pénurie de main d’œuvre, on doit protéger et renforcer ces économies, et non les miner ! »
Division sociale, sondages tronqués
De toute évidence agacés, les commissaires du BAPE ont reproché à la minière la méthodologie des sondages qu’elle a réalisés avec la firme Léger. La minière NMG a finalement dû admettre que ses sondages ne tiennent pas compte des résidents-villégiateurs, qui représentent pourtant 50% de la population locale. Mme Dagher souligne : « Il est tout de même étonnant qu’une minière qui se dit transparente, honnête et à l’écoute de la population n’ait pas révélé cette information avant. La minière doit cesser d’affirmer qu’il y a une acceptabilité sociale localement alors qu’il y a plutôt une profonde division sociale. »
NMG se défend en soutenant que le sondage a été réalisé par la firme Léger "avec une méthodologie éprouvée". Ils soulignent également avoir prolongé la période de sondage et demandé aux sondeurs de faire un effort supplémentaire pour rejoindre les villégiateurs, malgré les limitations des listes téléphoniques enregistrées. "Les réponses obtenues sont colligées au rapport, et isolées parce qu’elles ne représentent pas un échantillon statistiquement représentatif", a répondu la communication NMG.
Millions de tonnes de déchets miniers
Alors que Québec peine à nettoyer le passif des sites miniers contaminés, évalué à plus de 1,2 milliard en dette collective, le BAPE a clairement fait ressortir qu’il s’agit d’un enjeu majeur pour le projet de NMG. Daniel Tokatélof de l’APLT : « Si autorisé, le projet générerait des millions de tonnes de résidus miniers acides, chargés de métaux lourds. La technologie proposée pour stocker ces résidus n’est pas éprouvée. La moindre défaillance entraînerait un risque de contamination des eaux de surface et souterraines pour les 100 prochaines années, voire davantage. C’est véritablement une bombe environnementale à retardement pour la région ». L’organisme MiningWatch Canada a déposé la semaine dernière deux rapports d’experts au BAPE à ce sujet.
Outre les risques pour l’eau et l’économie touristique, le projet de NMG menace aussi près d'une dizaine d’espèces fauniques à « statut particulier », normalement protégées par les lois provinciales et fédérales. José Gagnon, ornithologue amateure et membre de la COPH : « Nous évaluons quelles options légales sont envisageables pour la suite ».
Soutien de la Chambre de commerce de la Haute-Matawinie à NMG
Dans un communiqué, la structure a apporté son soutien à NMG, voyant dans le projet minier une opportunité de ressource économique importante et un attrait pour les demandeurs d'emplois, notamment les jeunes de la région:
« Nouveau Monde Graphite permet déjà le retour de jeunes de la région, qui ne voyaient pas jusqu’à récemment d’espoir de revenir faire leur vie ici après leurs études. Je partage l’enthousiasme de tous ceux qui voient d’un bon œil ce projet, qui vient s’ajouter aux opérations de Scierie St-Michel et à l’installation de La Granaudière, dont la construction a débuté l’automne dernier. Le carrefour industriel ainsi créé permettra à la région de se diriger enfin vers une relance qui assurera la vitalité économique tant attendue », indique la présidente de la Chambre de commerce de la Haute-Matawinie, Véronique Lasalle.
La Chambre de commerce a par ailleurs annoncé qu'elle présentera un mémoire au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Ses administrateurs ont invité tous les intéressés du milieu à déposer leur propre mémoire à cet égard.
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