Une victime de violence conjugale se confie

Par Guy Latour
Une victime de violence conjugale vit dans des heures angoissantes, depuis le 10 janvier, alors que son ex-conjoint vient d’obtenir sa libération d’office d’un pénitencier fédéral, malgré un rapport défavorable.
« Je capote ben raide. J’ai peur qu’il s’en prenne physiquement et moralement à moi et à mon fils. Je ne dors plus. Je suis très stressée », a mentionné Christiane Bonin, en entrevue exclusive au journal.
Elle s’est dite convaincue que Mathieu Doirion va tenter de communiquer avec elle, malgré une interdiction de la Commission des Libérations Conditionnelles du Canada. « Aussitôt qu’il entre en contact avec moi, je vais porter plainte », a-t-elle martelé.
En 2006, Christiane Bonin avait rencontré M. Doiron, 29 ans, alors que celui-ci était en libération conditionnelle après avoir purgé une sentence pour vol qualifié.
Dès le début de leur cohabitation en 2007, Doiron a fait usage de violence verbale et physique envers la dame de Joliette. Depuis, le criminel a été condamné à trois reprises pour violence conjugale envers Mme Bonin, dont deux peines dans une prison fédérale.
En juillet 2011, un juge de la Cour du Québec a envoyé Mathieu Doiron au pénitencier pour 30 mois, après qu’il ait plaidé coupable à des accusations d’harcèlement criminel, supposition de personne, bris d’engagement et bris de probation.
Turcotte et Blanchette
Dans le projet de sortie de M.Doiron, ce dernier projette de récupérer ses droits de visite de l’enfant, âgé de 3 ans, qu’il a eu avec Christiane Bonin.
Cette dernière va tout faire pour limiter au maximum ces visites. « J’ai peur qu’il cherche à m’atteindre en s’en prenant à mon gars. Il n’est pas question qu’il soit seul avec mon enfant lorsqu’il va le voir », a-t-elle lancé.
Mme Bonin va tout faire pour qu’une personne neutre ou la DPJ soit présente à ces visites. « Sans ça, je crains qu’un autre drame comme celui Guy Turcotte ou Sonia Blanchette se produise avec mon gars. Je suis très inquiète », a-t-elle conclu.
Malgré un risque élevé de récidive, la Commission des Libérations conditionnelles du Canada (CNLC), a décidé de remettre en liberté d’office, Mathieu Doiron, après les deux tiers de sa sentence, le 10 janvier dernier.
Cependant, la CNLC a imposé une condition d’assignation à résidence jusqu’à la fin de la sentence, prévue en octobre 2013. Il est aussi interdit à M. Doiron de communiquer directement ou indirectement avec Christiane Bonin et les membres de sa famille, sauf aux fins de procédure judiciaire afin de permettre l’exercice de droits parentaux.
Mais l’ex-détenu devra avoir obtenu, au préalable, une autorisation écrite de son surveillant de libération conditionnelle. Selon la décision, dont le journal a obtenu copie, le risque de récidive violente est très présent surtout au niveau de la violence conjugale. Sa dangerosité sociale est évaluée à un niveau élevé, son potentiel de réinsertion sociale est faible.
Durant l’incarcération de Mathieu Doiron, ce dernier ne s’est aucunement engagé dans son plan correctionnel. Pire encore, il s’est impliqué dans le trafic institutionnel en plus d’être arrogant et agressif envers le personnel, allant même jusqu’à les menacer.
La CNLC souligne que M.Doiron « ne manifeste aucun remords face à votre victime, la dénigrant plutôt et entretenant une sorte de rancune à son égard ».
« J’ai sursauté en lisant ce passage de la décision. Car dans des lettres envoyées à son fils durant sa détention, il disait qu’il m’aime toujours et qu’il ne veut pas me faire de mal. Ça confirme mes appréhensions que ce soit un manipulateur », a indiqué la victime Christiane Bonin.
« Quand je lis la décision, je constate que Mathieu n’a pas travaillé sur lui-même quand il était en prison. Je me pose plein de questions et j’ai vraiment peur pour la suite des choses », a-t-elle lancé.
Étroite surveillance
Du côté du Service correctionnel du Canada (SCC), le porte-parole de l’organisme, Serge Abergel, a indiqué qu’un détenu condamné à une peine fédérale (sauf pour des sentences à perpétuité) doit être libéré d’office à la date fixée, au deux tiers de sa peine.
« Même s’il sort de prison, M.Doiron sera étroitement surveillé. S’il enfreint une condition de sa libération ou si le service correctionnel a des soupçons, sa liberté peut suspendue pour au moins 30 jours, avant que son cas soit à nouveau soumis à la CNLC », a assuré M.Abergel.
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