Un restaurateur pris à la gorge par le système

Par Mathieu Ferland
Le seul restaurant marocain de Joliette risque de fermer ses portes. Le Topinambour vit présentement une situation financière difficile à la suite du report de l'émission de son permis d'alcool, retardé par le dépôt d'une plainte d'une citoyenne.
Ce que s'explique mal Borki El Haj Bousselham, c'est le motif de la plainte logée auprès de la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) relativement à son permis d'alcool. La plainte en question, dont le Journal a obtenu copie, fait surtout état des inconvénients découlant de l'ancien commerce établi dans l'immeuble. Le bar l'Azile avait, selon la plaignante, empoisonné son quotidien, et l'arrivée d'un restaurant servant de l'alcool pourrait, selon ses arguments, conduire aux mêmes débordements. Le restaurateur se défend en soulignant que Le Topinambour ferme à 21 h et que cette plainte se base sur des présomptions et non des faits.
Le propriétaire du restaurant marocain a été convoqué par la RACJ à une rencontre avec des régisseurs qui étudieront la demande du restaurateur, en plus d'entendre les doléances des opposants. Une décision que ne comprend pas le propriétaire qui rêvait depuis 15 ans d'ouvrir un restaurant. «Ce n'est pas normal selon moi de voir de tels agissements, s'exclame M. Bousselham, qui souhaite implanter la formule Apportez votre vin dans le plan d'affaires du Topinambour. On me demande de fournir le nom du responsable du cellier et des commandes de boissons alcoolisées. Est-ce que je dois leur donner le nom de celui qui va amener le tire-bouchon aux clients?»
Pas un cas d'exception
La porte-parole de la Régie des alcools, Joyce Tremblay, a tenu à clarifier les choses concernant Le Topinambour. Elle insiste pour dire que le cas de M. Bousselham n'est pas unique en son genre, et qu'il s'agit là de la procédure normale. «Dès que les avis publics sont publiés, les citoyens ont le droit d'exprimer leur doute quant à l'attribution d'un permis d'alcool.» Elle ajoute également que dans le cas du Topinambour, les régisseurs devraient prendre une décision très rapide. La cause du Topinambour sera entendue le 15 décembre prochain.
Du côté de la Ville de Joliette, on nous apprend que le restaurant est situé dans une zone mixte, qui permet à un commerce d'opérer au rez-de-chaussée d'un immeuble, et ce, en toute légalité.
Au bord de la catastrophe
«Je mange la claque depuis le début de cette histoire», clame le propriétaire, qui doit désormais gratter les fonds de tiroir pour payer son loyer. Il avoue tristement ne servir parfois qu'un ou deux clients par jour et craint que son audience ne lui fasse rater la manne des Fêtes. M. Bousselham a fait appel à des organismes de justice alternative afin de clarifier la situation avec la plaignante et d'agir comme médiateur si nécessaire.
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