Balbuzard, pour aider les jeunes endeuillés par le suicide

Par Stéphane Fortier
On estimait à 30 000 le nombre de proches (parents, amis) affectés par le suicide au cours de l'année 2006 et les enfants ne font pas exception.
«Si l'on considère qu'un suicide affecte 10 personnes, on peut estimer à 680 le nombre d'endeuillés par suicide en tant que tel en 2006 dans notre région», souligne Éveline Laurin, coordonnatrice clinique au Centre de prévention du suicide de Lanaudière.
Le Centre de prévention de suicide de Lanaudière offrait déjà un support aux personnes endeuillées par le suicide, mais voilà qu'apparaît un tout nouveau service, offert celui-là aux enfants. Le Balbuzard est un groupe de soutien thérapeutique pour les enfants endeuillés par le suicide. Par le biais d'un groupe fermé de six enfants maximum, animé par deux intervenantes, qui s'échelonne sur 14 semaines pour un total de 12 rencontres obligatoires, les interventions et les atteintes des objectifs se déroulent sous forme de jeux, par des histoires, par le dessin et la construction d'un album souvenir.
«Les adultes ont tendance à penser que les enfants n'ont pas besoin d'aide lorsqu'un décès les touche, alors qu'ils ont besoin de comprendre ce qui se passe, ils ont besoin qu'on leur explique, soutient Éveline Laurin. Comme cela arrive pour les adultes, les enfants développent souvent un sentiment de culpabilité face à la mort d'un proche, même si c'est accidentel. Lorsqu'il s'agit d'un suicide, ils croient encore plus qu'ils sont responsables. Les enfants manquent d'outils pour nuancer. Cela prend du soutient pour les aider à extérioriser, exprimer leurs émotions», affirme Mme Laurin.
Parfois, une chose qu'ils ont dite, qu'ils ont faite, peut expliquer le suicide d'un proche dans leur interprétation des événements.
Éponger les dégâts
Eveline Laurin croit que ce nouveau service s'imposait. «On se doute bien que l'on n'accueillera pas 50 enfants pas année. Ce phénomène est d'abord difficile à percevoir. Ces interventions sont importantes, les conséquences d'un deuil non cicatrisé chez un enfant ne se feront pas nécessairement sentir à court terme. Il arrive que cela prenne trois ou quatre ans avant de percevoir un impact. Il est possible, par exemple, qu'un trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDHA) soit causé par la cicatrice d'un deuil non soignée. Un enfant peut vivre avec des nœuds en lui parce qu'il s'est retrouvé dans une situation qu'il n'a pas comprise et vit avec une angoisse permanente. Et ce n'est jamais apparent», fait remarquer Éveline Laurin.
Le service Balbuzard permet de briser l'isolement, faciliter l'expression des émotions en lien avec le deuil, outiller l'enfant à traverser les difficultés, et faciliter l'ouverture sur le sujet du suicide entre parent et enfant.
En passant pourquoi avoir choisi le balbuzard comme symbole? Parce que le balbuzard est un oiseau qui a toutes les caractéristiques de force et de rapidité de l'aigle, mais dans une bien plus petite taille. Il est reconnu pour avoir une très grande capacité d'adaptation: il arrive à nicher dans des endroits hors du commun. C'est aussi un oiseau capable de longs voyages et de beaucoup de débrouillardise pour s'alimenter. Les enfants face au deuil sont aussi placés devant un long voyage qui les amènera à se découvrir et à grandir en s'adaptant à une réalité qu'ils sont bien petits pour avoir à vivre... Si on les soutient dans ce voyage, on constate toutefois qu'ils ont toutes les capacités pour surmonter cette rude épreuve.
Le groupe s'adresse aux enfants âgés entre 6 et 12 ans qui vivent un deuil suite au suicide récent ou passé d'un proche. L'enfant doit habiter sur le territoire de Lanaudière.
Pour en savoir plus, on compose le 1-866-APPELLE (277-3553).
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