Des enfants autistes refusés dans un verger

Par Stéphane Tremblay et Guy Latour
La Société de l'autisme de Lanaudière dénonce un cas de discrimination qui aurait été vécu par sept jeunes, âgés entre 10 et 21 ans, en se faisant refuser l'accès à un verger en raison de leur handicap.
Cette histoire, décrite par plusieurs intervenants d'épouvantable, s'est produite dimanche dernier alors que les sept jeunes autistes du camp Les Répits de Gaby, qui étaient sous la supervision de huit adultes, se sont présentés au verger de R. Hélène et Pierre, à Notre-Dame-de-Lourdes, près de Joliette.
« Les personnes m'ont raconté que tout au long des négociations, elles ont bien senti que la dame se cherchait une raison pour ne pas les recevoir. La femme a finalement dit qu'elle ne prenait pas de groupe », déplore Manon Champigny, coordonnatrice de la Société de l'autisme de Lanaudière.
Déçus et tristes de n'avoir pu cueillir les pommes qu'ils désiraient manger par la suite, les jeunes autistes sont montés à bord de leur transport. Mais voilà qu'un autre groupe serait arrivé sur les lieux au même moment et aurait eu accès au site sans problème. « Inacceptable », lance Mme Champigny.
Le proprio s'explique
« C'est faux. Il n'y a pas eu d'autre groupe », s'est défendu le propriétaire du verger, situé au 4351, rue principale, à Notre-Dame-de-Lourdes.
Pierre Boudreau le jure « sur la tête de sa mère qui est morte.Nous avons refusé les jeunes parce que nous étions à pleine capacité et aucunement parce qu'il s'agit d'enfants handicapés ». Or, M. Boudreau admet qu'il était débordé dans son petit verger. «C'était la plus grosse journée. Il faisait beau et il y avait des gens partout et les enfants couraient dans tous les sens. C'était le bordel ».
Ce dernier nie également que le groupe avait réservé sa place une semaine plus tôt. «Nous n'avons jamais donné de rendez-vous à des groupes les week-ends ».
Même s'il aurait offert aux personnes autistes de leur donner des pommes, il n'est pas parvenu à calmer la colère des gens.
Inondés d'insultes
Une personne visiblement frustrée a immédiatement utilisé les médias sociaux pour décrier la situation. Le message avec le numéro de téléphone du verger s'est propagé à vitesse grand V sur Facebook.
En l'espace de quelques heures, le propriétaire était envahi de courriels d'insultes.
«J'ai des gens de l'Alberta qui m'ont téléphoné pour me dire que chez eux ils ne traitaient pas les handicapés comme nous au Québec ».
D'autres internautes de Sherbrooke, Gatineau et Québec ont été « très méchants ».
« Certains m'ont dit que s'ils demeuraient proche de chez-moi, je ne dormirais pas tranquille. Je ne suis même pas encore capable de brancher mon téléphone ce matin (vendredi). C'est du harcèlement continuel ».
Celui qui est retraité assure qu'il aime les gens. « C'est mon fun d'aider les personnes âgées, les adultes et les enfants à cueillir des pommes. Les gens sont durs avec moi. J'ai de la peine et j'ai encore le goût de pleurer ».
Nous avons tenté mais en vain de joindre la direction des Répits à Gaby, de même que les parents de ces jeunes handicapés.
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