Une étude identifie des risques cardiovasculaires pour les enfants


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Certains facteurs présents chez la mère avant la naissance ou pendant les six premiers mois de vie peuvent augmenter le risque pour le bébé d'avoir une moins bonne santé cardiovasculaire à l'enfance ou à l'adolescence, prévient une nouvelle étude.
Un surpoids ou une obésité avant la grossesse, le tabagisme pendant la grossesse et l'utilisation d'une préparation commerciale pour nourrissons sont les éléments qui auraient l'impact négatif le plus marqué sur la santé cardiovasculaire en début de vie.
L'indice de masse corporelle avant la grossesse, le tabagisme avant la grossesse et les conditions dans lesquelles la grossesse s'est déroulée auraient aussi un impact négatif, mais de moindre ampleur.
«Ça confirme des choses qu'on savait déjà, a commenté le docteur Marc Beltempo, qui est néonatologiste à l'Hôpital de Montréal pour enfants. Mais en même temps, d'un point de vue social, ça nous dit que la grossesse est un moment très opportun dans la vie de la femme et pour l'avenir de sa famille pour essayer de faire des interventions.»
La grossesse, renchérit-il, est une «occasion assez unique de promotion de la santé», d'autant plus que des études précédentes démontrent que les gens qui ont des «comportements à risque» sont en mesure de les améliorer pendant la grossesse.
Il ne se produit pas souvent, a dit le docteur Beltempo, qu'on puisse «dire à quelqu'un que ce que tu fais avec ton propre corps peut avoir des conséquences à long terme pour quelqu'un d'autre».
«C'est difficile, arrêter de fumer, mais quand c'est une personne enceinte qui pense à son enfant, en général c'est une motivation très importante, a-t-il souligné. Et on le voit avec tout ce qui est 'changement d'habitude de vie', comme mieux manger ou faire du sport. C'est plus soutenable quand on le fait pour quelqu'un qu'on porte en nous.»
Les auteurs de la nouvelle étude ont examiné des données provenant de quelque 1330 enfants membres de la cohorte américaine Project Viva.
Le surpoids ou l'obésité avant la grossesse pourraient être associés à un indice de masse corporelle et à une pression artérielle plus élevés chez l'enfant, ont expliqué les auteurs de l'étude. Le sevrage ou l'utilisation d'une préparation commerciale pour nourrissons pendant les six premiers mois de vie pourraient être associés à une alimentation ou à un sommeil de moins bonne qualité plus tard.
Il est aussi possible que la santé cardiovasculaire de l'enfant soit affectée par l'environnement dans lequel il évolue, soulignent les chercheurs, comme le milieu socio-économique dans lequel il grandit et l'accès à des aliments de qualité ou à des espaces verts.
Au-delà de l'impact de ces facteurs, les auteurs de l'étude ont constaté un déclin de la santé cardiovasculaire des enfants à compter de l'âge de dix ans. Cela est probablement attribuable, estiment-ils, à l'adoption par le jeune de comportements nuisibles à sa santé cardiovasculaire, comme le vapotage, indépendamment de l'influence de ses parents.
Des changements à l'horaire scolaire pourraient aussi interférer avec de bonnes habitudes de vie concernant le sommeil, l'activité physique et l'alimentation, ajoutent-ils.
«Il faut faire attention: est-ce qu'on parle de facteurs de risque, ou bien est-ce qu'on parle de choses qui vont causer des problèmes au long terme?», a souligné le docteur Beltempo.
Par exemple, a-t-il ajouté, est-ce que le fait de fumer «va changer le placenta et changer la programmation génétique de l'enfant pour augmenter son risque au long terme cardiovasculaire»? Ou bien, est-ce que l'enfant grandira dans un environnement fumeur qui fait «qu'il va lui aussi commencer à fumer»?
«L'étude ne répond pas encore à cette question, a-t-il estimé. On a encore plusieurs questions sur ce qu'on peut modifier dans l'environnement pour améliorer la santé des enfants. C'est ça, la question de fond, et on n'a pas encore les meilleures réponses.»
Pour le moment, conclut-il, une étude comme celle-ci rappelle aux professionnels de la santé que certains patients ont possiblement besoin d'un suivi plus serré, surtout dans un contexte où l'individualisation de la médecine est de plus en plus la norme.
«Par exemple, on dit que certaines personnes devraient être dépistées pour l'hypertension à partir de l'âge de 40 ans, a dit le docteur Beltempo. Mais peut-être que des enfants qui ont été exposés à ce type d'environnement devraient être dépistés plus tôt.»
Ce qui se passe pendant la grossesse, a-t-il complété, «permet d'individualiser le profilage de risque», par exemple en prévenant un patient qu'il devrait faire particulièrement attention d'éviter le tabagisme.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical JAMA Network.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne