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Une étape cruciale est franchie dans la production de sang artificiel

durée 11h38
15 juillet 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Une étude publiée récemment par des chercheurs allemands et britanniques nous rapproche un peu plus d'une éventuelle production de sang artificiel, ce qui pourrait être d'un précieux secours pour les banques de sang et pour les patients dont le groupe sanguin est plus rare.

Les globules rouges qui transportent l'oxygène jusqu'aux organes sont produits dans la moelle osseuse dans le cadre d'un processus qui n'est pas entièrement compris par les scientifiques.

Lors de la dernière étape de ce processus, le noyau des cellules précurseures est expulsé afin de faire plus de place à l'hémoglobine qui transportera l'oxygène. Cette énucléation est unique aux mammifères.

«C'est une étape importante qui n'était pas encore bien comprise dans la maturation des globules rouges, a commenté le docteur Johnathan Mack, qui est hématologue et directeur adjoint de la médecine transfusionnelle au Centre universitaire de santé McGill. Et c'est une étape qui représentait un obstacle dans l'efficacité de la transformation des cellules souches en produit transfusable.»

Les auteurs de la nouvelle étude ont identifié le signal moléculaire qui provoque l'expulsion du noyau et ouvre la porte à la naissance des globules rouges, ce qui pourrait permettre d'améliorer l'efficacité de la production de sang en laboratoire.

L'utilisation de cellules souches est en ce moment la méthode la plus efficace de production de sang en laboratoire, mais l'expulsion du noyau se produit chez seulement environ 80 % des cellules artificielles. De plus, ces cellules souches sont difficiles à obtenir car elles proviennent uniquement du sang de cordon ombilical ou des dons de moelle osseuse pour le traitement de différents problèmes.

La science permet maintenant de reprogrammer différentes cellules pour en faire des cellules souches qui deviendront des globules rouges, mais l'expulsion du noyau survient alors chez seulement 40 % des nouvelles cellules. Les auteurs de la nouvelle étude prédisent que leur découverte fera grimper ce pourcentage considérablement.

La transformation des cellules souches en cellules cardiaques, hépatiques, cérébrales, sanguines ou quoi que ce soit d'autre est un processus extrêmement complexe qui implique de multiples étapes dont l'ordre doit absolument être respecté, a rappelé le docteur Mack.

Reproduire ce processus en laboratoire «coûte très cher», a-t-il dit, entre autres parce qu'on ne peut pas compter sur la «collaboration» de toutes ces substances que le corps fournit naturellement et qu'on doit donc identifier et produire.

Reste maintenant à voir quelles seront les répercussions cliniques de cette découverte, a indiqué le docteur Mack.

«Nous n'en sommes qu'au tout début, a-t-il dit. C'est difficile d'imaginer un monde où le sang de laboratoire remplacera le sang qu'on obtient par des dons de sang.»

Il est plus probable qu'une production améliorée de sang artificiel serait consacrée aux groupes sanguins plus rares dans la population en général, croit le docteur Mack.

La prochaine étape consistera à vérifier si ces résultats obtenus chez des souris sont reproduisibles chez l'humain, et si la réponse est oui, s'ils le sont à grande échelle, a-t-il conclu.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal Science Signaling.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne