Un programme d'accès rapide à la psychiatrie à Halifax est salué


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Par La Presse Canadienne, 2024
HALIFAX — Un programme néo-écossais novateur, qui fournit aux patients des diagnostics psychiatriques de base, est salué pour sa réduction considérable des temps d'attente pour certaines personnes qui peinent à obtenir de l'aide.
Le docteur Vincent Agyapong, chef du département de psychiatrie de l'Université Dalhousie, a déclaré vendredi que, grâce à ce programme, le délai médian entre une recommandation et un rendez-vous avec un psychiatre est resté d'environ quatre à six semaines au cours des deux dernières années.
La rapidité des services, a-t-il ajouté, fait une différence pour des centaines de personnes de la région d'Halifax qui, autrement, souffriraient en silence. Le Programme d'accès rapide et de stabilisation (RASP) est offert uniquement dans la région d'Halifax et ses environs.
Le délai de traitement demeure une barrière importante pour les patients, qui doivent souvent attendre plusieurs mois pour rencontrer un professionnel, a rappelé le docteur Agyapong lors d'une présentation devant un groupe composé d'experts en santé mentale de partout au Canada et de responsables provinciaux de la santé.
Le docteur Agyapong, qui a lancé le programme grâce au financement de la province, a présenté des chiffres montrant que, depuis avril 2023, plus de 2100 patients adultes ont été vus par quatre psychiatres, chacun consacrant quelques jours par semaine à cette pratique, soit l'équivalent de deux postes à temps plein.
Il a indiqué que l'accent est mis sur les patients présentant des problèmes de santé mentale «légers à modérés», qui ne nécessitent qu'une seule consultation. Dans environ 70 % des cas, ils sont renvoyés vers leur médecin de famille ou leur infirmière praticienne avec un plan de soins, a précisé le docteur Agyapong.
Les patients présentant des problèmes plus graves et persistants peuvent être orientés vers des médecins extérieurs au programme pour des soins supplémentaires. Environ 12 % des patients ont été orientés vers une psychothérapie par l'intermédiaire de programmes communautaires de santé mentale, et 7 % vers des soins psychiatriques continus.
Emily Kiley, une patiente de 40 ans qui a récemment utilisé le service d'accès rapide, a confié qu'avant de s'inscrire au programme, on lui avait dit qu'il faudrait deux ans pour consulter un psychiatre.
Cependant, en décembre dernier, son nouveau médecin de famille l'a orientée vers le programme d'accès rapide. Elle dit avoir rempli un questionnaire préliminaire et s'être rendue à la clinique en personne le 31 janvier. On lui a diagnostiqué un trouble bipolaire et un TDAH.
«Cela fait trois mois que j'ai commencé à prendre ce médicament. Je me sens tellement mieux (…) Grâce à ce diagnostic, je sens que je peux avancer dans ma vie», a-t-elle soutenu.
Le docteur Jason Morrison, l'un des psychiatres participant au projet, trouve rafraîchissant de faire partie d'un système où les soins psychiatriques généraux peuvent être dispensés sans longs délais d'attente.
«Souvent, il faut consulter plusieurs personnes pour obtenir une consultation avec le psychiatre, ce qui n'a jamais été logique pour moi», a-t-il indiqué.
Appels pour étendre le programme
Le docteur Satyanarayana Ketaraju, médecin de famille à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, s'est dit satisfait du nouveau service lors du séminaire. «J'ai l'impression que cela a comblé une lacune dans le système de santé mentale», a-t-il déclaré, ajoutant qu'une orientation conventionnelle vers Santé Nouvelle-Écosse pourrait signifier «une attente interminable avant qu'une crise ne survienne, et (à ce moment-là) il pourrait être trop tard pour le patient».
«J'aimerais que le programme soit étendu à toute la Nouvelle-Écosse», a-t-il affirmé.
Le docteur Agyapon a indiqué qu'avec un million de dollars supplémentaires par année, lui et son équipe pourraient étendre le programme à l'ensemble de la province, plutôt qu'à la seule région d'Halifax, appelée zone centrale. Grâce à ce financement, il pourrait ajouter deux psychiatres à temps plein et d'autres cliniciens, ainsi que du personnel de soutien. Le programme bénéficie actuellement d'un financement d'environ 800 000 $ pour son personnel psychiatrique.
Santé Nouvelle-Écosse étudie comment accroître l'accès au programme dans toute la province, a indiqué Bethany McCormick, vice-présidente de la santé mentale et des dépendances à Santé Nouvelle-Écosse, lors d'une entrevue avant le séminaire. Toutefois, Mme McCormick a précisé que le gouvernement ne prévoyait pas augmenter immédiatement le financement du projet.
L'élargissement du programme d'accès rapide figurait parmi les recommandations de l'enquête Lionel Desmond, publiée il y a plus d'un an. Ce rapport examinait les raisons pour lesquelles M. Desmond, un vétéran de la guerre en Afghanistan souffrant d'un grave trouble de stress post-traumatique et de dépression, s'est suicidé le 3 janvier 2017 après avoir abattu sa femme, leur fille et sa mère à leur domicile en Nouvelle-Écosse.
L'enquête a conclu qu'il avait fallu des mois pour intensifier ses soins et a recommandé à la province d'élargir le projet de Vincent Agyapong.
Michael Tutton, La Presse Canadienne