Toronto aux couleurs de l'arc-en-ciel pour le défilé des Fiertés 2ELGBTQI+


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Par La Presse Canadienne, 2024
TORONTO — Les nuages menaçant les célébrations des Fiertés de l'année prochaine à Toronto n'étaient pas en vue dimanche alors que des dizaines de milliers de personnes ont rempli les rues de la ville de couleurs arc-en-ciel et d'expressions de solidarité avec les communautés 2ELGBTQI+.
Les organisateurs du festival annuel des Fiertés, qui dure un mois, ont tiré la sonnette d'alarme concernant un déficit financier pour l'année prochaine, indiquant que les festivités pourraient devoir être réduites en conséquence.
Mais la marche de dimanche, qui s'est déroulée dans des conditions estivales idéales et qui devait attirer environ 25 000 participants, a offert tout le faste et le spectacle que les résidents attendent du grand final de la Fierté.
Pour Cassidy Monroe, qui a dansé lors du défilé pour la deuxième année consécutive, ce défilé est un moment de joie qui rassemble les gens pour célébrer.
«Voir tout le monde sortir, saluer, être si solidaire et si heureux, c'est tout simplement incroyable (…) Avec tout ce qui se passe dans le monde, j'ai l'impression que nous avons encore plus besoin des Fiertés», a raconté Cassidy Monroe, vêtue d'une tenue fluo.
Célébrer bruyamment les Fiertés envoie le message que les personnes 2ELGBTQI+ sont «ici, nous appartenons et nous comptons», a ajouté la danseuse.
Anishnawbe Health Toronto a ouvert le défilé de dimanche avec un char coloré peint à la main et un groupe de danseurs, de batteurs et de DJ.
Cheryl Trudeau, participante, a expliqué que le groupe était là «pour montrer (…) que nous sommes ouverts et tolérants. Que tous nos membres font partie de notre communauté».
«Et nous voulons représenter les '2E' dans la communauté 2ELGBTQI+», a ajouté Enya Pinesse, qui était aussi au défilé, en référence à l'identité bispirituelle autochtone.
Anold Mulaisho, qui participait à la Fierté de Toronto pour la troisième fois cette année, a passé près de trois mois à planifier et à assembler une tenue pour l'occasion.
Anold Mulaisho a défilé et dansé, arborant de grandes ailes d'ange blanches, un bandana arc-en-ciel autour de la tête et un éventail arc-en-ciel à la main, orné du mot «QUEER» en grosses lettres majuscules.
«Je les ai fabriquées [les ailes] de A à Z, tout est fait main. C'était un projet que je devais réaliser», a expliqué Anold Mulaisho.
La mairesse de Toronto, Olivia Chow, a déclaré que les moments forts du défilé comprenaient des performances de drag queen et la présence de nombreuses organisations venues soutenir les communautés 2ELGBTQI+, «en particulier les jeunes transgenres qui traversent une période difficile».
«Que ce soit en ville ou dans le sud des États-Unis, nous voulons témoigner beaucoup d'amour et de justice à la communauté transgenre, en particulier aux jeunes», a-t-elle dit.
L'événement de dimanche a vu des manifestants de quelque 250 groupes défiler depuis le quartier de Rosedale, en passant par le centre-ville jusqu'à la place Nathan Phillips, remplissant l'air de bulles et les trottoirs et les routes de confettis.
Le défilé, auquel participent notamment des pompiers, des bibliothécaires et des entreprises technologiques, a toujours été la plus grande manifestation de solidarité envers les communautés 2ELGBTQI+ au Canada. Il est un rendez-vous annuel estival à Toronto depuis 1981, année où le premier défilé des Fiertés est né des manifestations liées aux descentes de police dans les bains publics de la ville.
Depuis, il n'a cessé de prendre de l'ampleur et de prendre de l'importance, se transformant en un mois complet d'activités qui attirent les gens dans le quartier Church-Wellesley, surnommé le «village gai».
Mais ce statut a récemment été menacé. À l'approche du défilé de cette année, le directeur général de Pride Toronto, Kojo Modeste, a averti que les Fiertés de l'année prochaine seraient probablement réduites si les organisateurs ne parvenaient pas à obtenir un soutien financier accru.
«La Fierté paraîtra bien plus petite, a assuré Kojo Modeste à la mi-juin. Nous n'aurions pas le même impact, tant financier que culturel, que d'habitude.»
Le retrait de commanditaires
Plus tôt cette année, Kojo Modeste a révélé que les organisateurs étaient confrontés à un déficit de financement de 900 000 $, invoquant la hausse des coûts et la perte de commanditaires comme Google, Nissan, Home Depot et Clorox.
Kojo Modeste a attribué ce recul à la réaction négative contre les efforts de diversité, d'équité et d'inclusion déployés aux États-Unis et ailleurs sous la présidence de Donald Trump.
Jide Macaulay, qui a assisté aux Fiertés de Toronto pour la première fois cette année, s'est dit déçu d'apprendre le retrait des commanditaires.
«C'est une honte pour eux, pour être honnête, a expliqué Jide Macaulay. Beaucoup de personnes 2ELGBTQI+ sont douées et nous travaillons avec ces grandes entreprises. Alors, que vont-elles faire pour nous soutenir ?»
Après à ce retrait, d'autres ont répondu présents. Quelque 175 personnes ont fait don de près de 10 000 $, selon Pride Toronto.
La Ville a également désigné l'organisation comme bénéficiaire pluriannuel d'un programme de financement du festival, qui distribue 350 000 $.
Kojo Modeste a affirmé que ce financement «va faire beaucoup», mais qu'il n'élimine pas la nécessité de la contribution des autres ordres de gouvernement.
«Il est essentiel que la province et le gouvernement fédéral prennent l'initiative de la Ville, assurent un suivi et apportent également leur soutien», a ajouté Kojo Modeste.
Le défilé de dimanche comprenait des représentants de marques comme Staples, Trojan, KitKat, Rogers, TikTok et Jean Paul Gaultier. Bien que Google ait abandonné le défilé, deux pubs à pédales portant son nom étaient présents.
Des groupes pro-Ukraine et pro-Iran ont défilé en scandant des slogans pour la paix. Un char allégorique du Centre consultatif des relations juives et israéliennes faisait également partie du défilé, accompagné d'environ 14 agents de sécurité.
— Avec des informations de Lyndsay Armstrong à Halifax et de Vanessa Tiberio à Toronto
Tara Deschamps, La Presse Canadienne