Suggestion «peu constructive» des constructeurs automobiles pour diminuer les GES

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Par La Presse Canadienne, 2025
Invitée à participer aux consultations sur la révision de la cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec, l'Association canadienne des constructeurs de véhicules (ACCV) a proposé de vendre plus de véhicules à combustion, hybrides ou électriques pour diminuer les GES, une suggestion loufoque et peu constructive selon Équiterre.
Le président de l'ACCV, Brian Kingston, s’oppose à ce qu’il y ait une cible de vente de 90 % de véhicules électriques d'ici 2035 au Québec et s’oppose également aux réglementations, comme la norme VZE, qui visent à encourager la transition vers des véhicules plus propres.
«L'imposition de quotas pour stimuler l'électrification du secteur du transport est une approche qui ne tient pas compte du fait que les groupes motopropulseurs conventionnels et hybrides modernes contribuent déjà à réduire les émissions globales de GES et peuvent faire partie de la solution pour atteindre la cible de réduction des émissions de GES du Québec», a-t-il indiqué mercredi lors d’une allocution devant les députés de la Commission des transports et de l'environnement.
Il a également suggéré que, pour diminuer les gaz à effet de serre du secteur des transports, la province devrait offrir des subventions aux propriétaires de vieux véhicules, qui émettent plus d’émissions, pour que ceux-ci achètent des véhicules neufs qui émettent moins de GES.
Appelé à réagir à cette proposition, le directeur des relations gouvernementales d’Équiterre, Marc-André Viau, a qualifié l'idée de «loufoque» et indiqué que les groupes qui participent aux consultations sur la cible de réduction des GES du Québec devraient adopter «une approche qui est constructive et chercher des solutions», et qu’autrement, «ce n’est pas une utilisation du temps qui est constructive».
M. Viau a ajouté que dans les dernières années, «tous les effets de l'efficacité énergétique (des nouveaux véhicules) ont été contrés par de plus gros véhicules», donc «il n'y a pas de gain en termes de réduction de GES avec de nouveaux véhicules qui sont plus efficaces, mais qui sont aussi toujours plus gros et qui, au final, finissent par produire autant de GES».
Au Québec, 43 % des émissions de GES proviennent des transports, ce qui inclut le transport routier, aérien, maritime, ferroviaire et hors route.
Le transport routier représente la source la plus importante, soit 31,2 % des émissions totales de GES.
Les gens «veulent des véhicules plus gros»
Lors de l’intervention du président de l'Association canadienne des constructeurs de véhicules devant la Commission des transports et de l'environnement, mercredi, le député Étienne Grandmont, de Québec solidaire, a indiqué à Brian Kingston que l’industrie automobile «faisait partie du problème, mais aussi des solutions».
Pourtant, «la transition de l’industrie ne semble pas bien préparée», a suggéré le député de Taschereau.
«Est-ce qu’il se pourrait que votre modèle d’affaires ne soit pas adapté à l’urgence climatique?», a demandé le député au représentant de l’industrie automobile.
«Non, car la transition se résume aux choix des consommateurs», a répondu le président de l'ACCV.
Les constructeurs, a-t-il expliqué, dépensent des sommes considérables pour fabriquer des véhicules électriques, mais «la demande n’est pas là» et «les cibles doivent être alignées avec ce que le consommateur veut ou alors il faut offrir des subventions».
Il a tenu à préciser que son association soutenait l’électrification des véhicules et la décarbonation de la société, mais qu’elle s’oppose aux technologies ou aux quotas imposés par le gouvernement, qui augmentent le coût de fabrication des véhicules.
De son côté, le député péquiste Joël Arseneau a demandé au président de l'ACCV pour quelle raison les fabricants nord-américains n’étaient pas en mesure de produire «des véhicules électriques abordables», comme le font les fabricants européens, qui proposent des voitures à «30 000 $ environ».
La principale raison est la différence dans la «taille des véhicules», a candidement répondu le représentant de l'industrie.
Les véhicules en Europe «sont très petits» et «ici, les gens veulent des véhicules plus gros».
Brian Kingston a rappelé que 80 % des véhicules vendus au Canada sont des véhicules utilitaires sport ou des camionnettes et que le meilleur vendeur au pays est, année après année, le Ford F-150.
Stéphane Blais, La Presse Canadienne